Mohamed Bacar, vice-président de l’association des maires de Mayotte, a déclaré que les Mahorais suspendaient leur grève pour faire place aux négociations.
Alors que la ministre des outre-mer Annick Girardin a appelé les leaders mahorais à la table des négociations sur la sécurité de Mayotte, le doute plane toujours. Les maires, les syndicats et autres collectifs sont mitigés sur l’issue effective de ces accords. Si d’un côté, ils ne veulent pas bouder le texte de 15 mesures promis par le gouvernement, d’un autre côté, ils ont peur d’être de nouveau délaissés. La population locale a également ce même ressenti, chat échaudé craignant l’eau froide. Selon les dires de la Case Rocher, un document aurait déjà été rédigé dans la matinée de ce mercredi 14 mars 2018. Des discussions sont toutefois toujours en cours quant aux mesures concernant la circulation des détenteurs de récépissés et de titres de séjour, a fait savoir l’équipe d’Annick Girardin. Ces points feront l’objet d’un débat intra-gouvernemental sur leur légalité
La population mahoraise a décidé de suspendre la grève générale qui s’est tenue durant trois semaines dans le département. Une réunion a en effet eu lieu mardi 13 mars 2018 dans l’après-midi entre la ministre des outre-mer Annick Girardin et les syndicats ainsi qu’un collectif de citoyens. Mohamed Bacar, mairie de Tsingoni et vice-président de l’association des maires de Mayotte, a également été présent lors de ses réunions. "La grève est suspendue jusqu’à nouvel ordre. On s’est donné un mois pour faire le point et voir si réellement l’État a joué le jeu", explique-t-il au micro de RTL.
Méfiants par rapport à un accord basé sur "la confiance" plutôt que sur l’écrit, la population du département n’attend plus que la ratification des points d’accord sur le papier avant de faire disparaître tous les vestiges de la grève de trois semaines. En effet, si la suspension de la grève à Mayotte a bel et bien eu lieu, les barrages routiers sont toujours visibles dans neuf endroits stratégiques. Ces derniers sont : Tsararano, Bandrélé, Chirongui, Chiconi, Mirereni, Tsingoni, Longoni, Koungou et sur le rond-point du Four à Chaux.
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Le maire de Tsingori se veut être, pour sa part, confiant dans la découverte d’une solution par rapport à la crise de sécurité à Mayotte. "Je crois que tout ce que nous avons arrêté a permis de dénouer la situation. L’État s’est engagé à sécuriser les écoles", a-t-il dit. Dans le cas où toutes les promesses sont tenues, Mohamed Bacar estime que la grève devrait être totalement levée. Toutefois, l’élu comme tous les autres responsables mahorais ne baissent pas la garde sur l’ultimatum d’un mois donné au gouvernement. D’ici cette date, ils s’attendent à voir des actions concrètes pour la sécurité dans le 101e département de France. Dans le cas contraire, Mohamed Bacar assure que la décision de cesser les manifestations sera remise en cause. La priorité pour l’élu mahorais est la sécurisation des établissements scolaires, les routes, les villes et les transports. "C’est ce qui est essentiel dans un premier temps", précise-t-il.
Comme Mohamed Bacar se projette dans le long terme, il encourage déjà le fait de "parler du développement du territoire" après la sécurisation de Mayotte. Le maire de Tsingoni se félicite d’ailleurs des échanges "fructueux" avec Annick Girardin. Même si les habitants se sont attendus à une rencontre avec le président français Emmanuel Macron ou le Premier ministre Édouard Philippe, Mohamed Bacar s’est dit déjà content de la venue de la ministre des outre-mer. "La situation était telle, qu’il fallait discuter de toute façon et nous avons montré que nous étions favorables à une discussion", explique-t-il.
L’élu déplore toutefois le manque d’information concernant Mayotte auprès du gouvernement. "On n’avait jamais parlé de Mayotte comme depuis trois semaines, parce qu’on pense que les informations ne remontent pas jusqu’à l’État", a déploré le maire de Tsingori.
Source : RTL