Perte de virginité, manque de respect ou encore manipulation honteuse, autant d’expressions tournent autour de ce cas d’abus sexuel survenu à Mayotte.
Le tribunal devra sortir son verdict sur cette affaire mercredi. Les faits se sont déroulés en 2013, mais ce n’est que 3 ans plus tard que la jeune fille a porté plainte. La justice n’a pas retenu le viol en l’absence de contrainte, menace ou surprise. La jeune fille de 16 ans affirme avoir été violée par son ancien voisin pendant une minute.
"Il m’a déviergée (sic), m’a forcée, il m’a serré le bras, je ne voulais pas faire l’amour avec lui, mais il avait fermé la porte", a-t-elle déclaré dans sa plainte. Durant son audition, la victime a réclamé de l’argent, car son présumé violeur a volé sa vie. Au bout de 6 jours après le dépôt de la plainte, la jeune fille est retournée auprès des gendarmes en leur sollicitant, à la demande la mère, de tout arrêter. D’après le président Banizette cité par le Journal de Mayotte, "les deux familles ont trouvé un arrangement de 5 000€ plus un mariage".
Le retrait de la plainte n’a rien changé dans la procédure déjà entamée. Le trentenaire a été arrêté et est passé aux aveux. Il a alors parlé de relations sexuelles consenties par la jeune fille pendant plusieurs mois. Le présumé violeur affirme ignorer l’âge exact de sa victime sous prétexte que cette dernière n’avait pas un visage d’enfant. De son côté, la jeune fille, de nouveau interrogée, a insisté sur le fait qu’elle exige ses droits, le prix de sa virginité qui n’a jamais été honoré.
Trois mois après sa plainte, elle s’est mariée devant le Cadi à un autre homme et était enceinte de son troisième enfant. "On couche encore ensemble aujourd’hui, elle est comme ma femme, on s’aime", a déclaré le prévenu. Une affirmation non réfutée par la jeune fille. "J’y vais quand il m’appelle, même si je n’ai pas envie", a-t-elle répondu.
Indignée face à la réaction de la jeune fille, une magistrate a haussé le ton. "Vous avez conscience que vous avez le droit de dire non ?", a-t-elle déclaré. De son côté, le procureur Rieu dénonce une manipulation honteuse des deux familles sur le dos d’une enfant. "Treize ans, ce n’est pas un âge auquel on couche avec un homme de 30", a-t-il lâché. La prison ferme est écartée, mais en revanche, le substitut réclame 360 jours d’amende. La somme à fixer sera multipliée par 360. A défaut de paiement, elle se transformerait en un an de prison ferme. "Le vrai manque de respect dans cette affaire, c’est une mère qui vend le vagin de sa fille pour 6000€", a regretté Me Journiac, l’avocat du trentenaire. "La peine requise, c’est encore donner un prix à cette virginité, je demande une autre peine", a-t-elle conclu.
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