Ce mardi 19 avril, une opération "île morte" a été décrétée aujourd’hui à Mayotte, après deux semaines mouvementées marquées par des violences et des barrages routiers. Hier, la préfecture avait réuni en urgence les élus et les services de l’Etat.
Mayotte devrait se figer pendant quelques heures aujourd’hui. Les habitants du département sont encore sous le choc, après le meurtre à l’arme blanche par deux mineurs, vendredi dernier, d’un métropolitain dans le quartier de Kaweni, au nord de Mamoudzou. Les associations se sont mobilisées le lendemain pour une "marche blanche" qui a réuni plusieurs centaines de personnes issues de toute la société mahoraise.
"Nos jeunes ne nous écoutent plus. Ce qui s’est passé vendredi pourrait arriver à n’importe qui", se désolait une mère de famille. L’opération "île morte" a été décidée pour aujourd’hui. L’intersyndicale, qui a été reçue samedi dernier par la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin, a décidé de suspendre la grève générale qui paralysait Mayotte depuis le 30 mars. Hier, la préfecture convoqué les forces de l’ordre, les services de l’État et les élus de Mayotte. La réunion, qui se tiendra aujourd’hui dans l’après-midi au vice-rectorat, sera suivie d’une conférence de presse.
Il existe dans l’île "une formidable énergie, une mobilisation citoyenne de tous les instants, pour tenter de s’en sortir, pour ne pas baisser les bras", observe Patrick Roger, l’envoyé spécial du Monde à Mayotte. En effet, de nombreux Mahorais, mais aussi des métropolitains et des Comoriens venus des îles voisines, sont actifs au sein d’associations œuvrant dans l’accompagnement social, l’aide scolaire, l’alphabétisation ou encore les activités culturelles.
Ce matin, plus de 5 000 personnes étaient présentes sur la place de la République pour marquer le début de l’opération "île morte", selon le site linfokwezi.fr. Le maire de Mamoudzou était présent, ainsi que de nombreuses personnalités mahoraises. Une marche, dont le mot d’ordre est "Plus jamais ça", a parcouru les rues de la ville en direction de la préfecture. La marche s’est déroulée dans le calme.