Plus d’un tiers de jeunes filles malgaches se marient avant d’avoir 18 ans. Cette statistique a été ressortie à l’occasion de la Journée internationale de la fille, célébrée cette semaine sous le thème de ‘mariage précoce’.
De nombreuses jeunes filles mineures s’engagent précocement dans le mariage à Madagascar. « La loi promulguée depuis 2007 interdisant l’union de deux personnes dont l’une est mineure, sauf cas exceptionnel et sur décision du Tribunal, ne semble pas encore faire son effet après cinq ans », déplore L’Express de Madagascar.
Ce constat est d’autant plus inquiétant car le nombre de mineures qui se portent candidates au mariage ne cesse d’augmenter. « Le pourcentage d’enfants mariés a augmenté environ 10 % en cinq ans. Il était de 39 % en 2004 contre 48 % en 2009 », révèle une étude menée par le FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population).
Afin de sensibiliser les jeunes, l’ONU a choisi de célébrer la Journée internationale de la fille, ce jeudi 11 octobre, sous le thème de « Ma vie. Mon droit. Mettre fin au mariage précoce ».
Au vu de la situation dans le pays, la concrétisation de ce thème « a encore du chemin à parcourir », constate le quotidien L’Express.
Selon les projections de l’organisme onusien, « 767 000 jeunes filles nées entre 2005 et 2010 seront mariées ou en union avant leur 18e année d’ici 2030 », si aucune action concrète n’est engagée pour lutter contre le mariage précoce dans la Grande île.
Statistiquement, c’est la région Atsimo Andrefana (Sud-Ouest) qui détient la palme peu enviée du mariage précoce avec 69% de jeunes de moins de 18 ans déjà mariées officiellement ou traditionnellement.
Tandis que la région Analamanga, dont fait partie la capitale Antananarivo, occupe la dernière place avec 35%, d’après le FNUAP.
« Dans ce cas, Madagascar est parmi les pays sub-sahariens qui enregistrent le taux le plus élevé dans ce domaine, de 37% selon l’Unicef », écrit L’Express de Madagascar.
Le mariage précoce touche les jeunes filles malgaches pour diverses raisons. « Beaucoup de jeunes n’ont pas accès à l’information notamment, la santé de la reproduction. Le niveau d’instruction demeure faible. Les filles n’ont pas d’autre choix que de se marier », avance Ange Marie Tifana, directeur de la promotion de la jeunesse au ministère de la Jeunesse et des Loisirs.
« C’est l’engagement de l’État qui fait défaut pour lutter contre ce fléau », note Solomandresy Ratsarazaka, chargé de programme Jeune au sein du FNUAP.
Anju Malhotra, de la section Genre et droits à l’Unicef évoque de son côté un manque d’éducation. « L’éducation est l’une des stratégies les plus efficaces pour protéger les enfants contre le mariage. Quand les filles sont capables de rester à l’école, un changement d’attitude peut aussi se produire au sein de la communauté ».
A Madagascar, on dénombre près d’un million d’enfants ayant abandonné l’école, ce qui explique en partie les chiffres élevés du mariage précoce, dont les conséquences se font sentir dans plusieurs domaines. Au niveau de la santé, « La plupart des dix femmes qui meurent chaque jour en donnant naissance est due notamment à la grossesse précoce », conclut Ange Marie Tifana.
Source : L’Express de Madagascar