Le sachet de cannabis s’achète à 100 ar (3 centimes d’€) dans le sud de Madagascar, notamment à Fort-Dauphin où la clientèle est principalement constituée de mineurs, âgés entre 13 à 18 ans.
Aux alentours de midi et vers 17 heures locales, les principales plages de Fort-Dauphin se transforment en salle de shoot à ciel ouvert. Souvent, ce sont les mineurs en échec scolaire qui s’y donnent rendez-vous pour prendre leur dose de cannabis.
La consommation de drogue douce est devenue un véritable phénomène de société que même dans les établissements scolaires, il n’est pas rare de surprendre des jeunes garçons et filles en train de s’adonner à de telles addictions, rapporte le quotidien Midi Madagascar.
Le produit abonde sur le marché local, note-t-on. Ce qui a fait chuter considérablement son prix en quelques mois, passant de 500Ar (17 centimes d’€) à 100Ar le petit sachet.
La partie sud et la pointe nord de la Grande île sont réputées pour abriter des plantations de cannabis. Lors de l’opération militaire « Tandroka » (corne), menées de septembre à mi-décembre dans le Grand sud, les chargés de mission avaient affirmé avoir découvert 1000 ha de plantations dans l’une des principales repaires du fameux chef de bandes Remenabila. Selon les militaires engagés dans cette opération, ce dernier n’est pas seulement connu pour être un voleur de zébus mais il serait aussi un fournisseur en cannabis pour le marché extérieur.
Depuis le début de la crise en 2009, l’agro-industrie du cannabis a particulièrement progressé. Chaque année, pas moins de 6 tonnes de zamal circulent dans la Grande île, avec un pic enregistré en 2010, période à laquelle 697 tonnes de cannabis avaient été saisies par le département policier contre les stupéfiants, selon Madagascar Tribune.
Lors d’une réunion des plateformes régionales « Justice » et « Sécurité » des pays de la commission de l’océan Indien, organisée dans la capitale tananarivienne hier, le commandant de la gendarmerie nationale malgache, le général de division Richard Ravalomanana, a affirmé que ces chiffres ne signifient pas que les malgaches sont devenus des gros consommateurs de drogue douce.
« Je ne crois pas que les Malgaches consomment chaque année toute cette quantité (les 6 tonnes indiquées ci- haut). Car le nombre de drogués à Madagascar reste en dessous de celui des îles sœurs comme l’île Maurice », a-t-il assuré. Ce haut gradé n’a pas été en mesure de préciser pour quel marché les drogues douces sont destinées exactement. Ce qui est fort probable c’est qu’« une partie de cette quantité pourrait être transformée en huile de cannabis », a-t-il fait remarquer sur Express de Madagascar.
Pour ce qui des drogues dures, la Grande île reste pour le moment un lieu de transit même si une fine catégorie d’individus, en consomment régulièrement dans le pays.
« C’est la classe aisée qui consomme principalement les drogues dures dans la Grande île. La quantité de drogues dures qui transite à Madagascar et celle consommée sur place commence à s’équilibrer », a fait savoir un responsable auprès du service central de la lutte contre les abus de stupéfiants et de substances psychotiques, le commissaire José Rajaonarison. Selon lui, « ce sont les petites quantités de drogues dures moins de 100 grammes qui sont les plus répandues sur le marché ».