Une importante partie de l’argent qui circule à Madagascar est issue de la corruption, soit 40%. En 1991, l’économie souterraine ne représentait que 20% des activités au pays.
Une étude conduite par le Cercle de réflexion des économistes de Madagascar (CREM), et rapportée par l’Express de Madagascar, permet de comprendre le dysfonctionnement de l’économie formelle du pays.
Les résultats de cette étude démontrent en effet que celle-ci est fortement menacée par la recrudescence de l’économie souterraine, dont la corruption qui représente actuellement l’équivalent de 40% du PIB national contre 20% en 1991.
Le marché de la drogue en est le domaine le plus concerné, totalisant à lui seul 15% de l’argent provenant de la corruption, selon les économistes locaux. Les pots-de-vin au niveau des marchés publics, quant à eux, assurent 5% de l’argent sale qui circule au pays.
Lors de la présentation officielle de cette étude, les participants au débat sur la corruption ont pu connaître les réels enjeux de ce fléau. Selon les auteurs du rapport, 20% des faits de corruption « ont traits à des tueries ».
« Ce secteur peut mener jusqu’à la mise à mort d’un ou plusieurs individus qui entravent au développement des affaires », a fait savoir l’économiste Hugues Rajaonson, qui reste très discrets sur les moyens auxquels les fraudeurs ont recours. Ceci afin de ne pas compromettre leur système de suivi.
La mission du Bureau indépendant anti-corruption ou Bianco est un véritable « combat de titan » devait reconnaître cet économiste. « Le fait que le Bianco doit attendre que quelqu’un porte plainte pour pouvoir mener une enquête constitue un obstacle à la lutte contre l’informel », explique-t-il. D’autant plus que « depuis toujours, la corruption est liée à la société », poursuit encore ce membre du CREM. « Dans la plupart des cas, les gens s’attendent à faire de la corruption ou à être corrompus dans la réalisation d’une activité quelconque », rappelle-t-il.
Un avis que partagent entièrement les responsables auprès du Bianco, déplorant le fait qu’ « il y a encore des paramètres qui ne font pas avancer la situation comme le fait que certains responsables ne peuvent faire l’objet d’une poursuite lorsqu’ils sont toujours en exercice ».
« La lutte contre la corruption ne pourrait être gagnée que si un engagement politique est mis en place, avec un engagement de l’Etat et le soutien du grand public », conclut ainsi le Bianco.