Un conflit intervillageois sur fond de vols de zébus et contrôle de minerais a fait pas moins de 22 morts et 2 300 déplacés dans le sud de Madagascar. Un village entier a été réduit à néant.
Les habitants de deux villages d’Amboasary Sud, Andranondambo et Ambatotsivala, se sont livrés à une guerre sans pitié les 10 et 11 mai derniers. Des éléments de pacification sont opérationnels depuis lundi à Andranondambo mais peinent à faire revenir les villageois dans leur fief.
Ces derniers craignent en effet des représailles encore plus violentes de la part des assaillants lesquels ont déjà réservé un sort tragique à 5 individus qui tentaient de revenir chez eux. Ils ont fini décapités, rapportent des témoins.
Sur place, les gendarmes décrivent des scènes apocalyptiques, comparables à celles qui s’observent dans le sud-Soudan. " A notre arrivée, un chien errant était en train de dévorer un bras arraché d’un corps. Dans une maison anéantie par les flammes, nous avons mis la main sur ne dépouille. L’air était irrespirable ", témoigne dans Express de Madagascar le chef d’escadron Théodule Ranaivoarison, commandant du groupement de la gendarmerie de la région d’Anosy.
Selon le quotidien malgache, les guéguerres ont commencé entre les deux localités en 1991, lorsque des exploitants ont investi Andranondambo suite à la découverte d’un gisement de saphir et de mica. Ne supportant pas la cohabitation, la population locale a choisi de s’établir à 2,5km plus loin, à Ambatotsivala.
Les deux camps étant déjà en froid, il a suffi qu’une bagarre ne dégénère au marché d’Andranondambo sur fond de vol de zébus pour raviver les tensions.
Les habitants d’Ambatotsivala qui auraient perdu un des leurs dans cette altercation, ont alors mené une riposte sanglante. " Les vandales armés qui se sont déchaînés sur ce village n’ont rien épargné ", relate Express, décrivant un véritable champ de ruine où rien n’a été épargné, même les églises et écoles publiques.
En perte humaine, le bilan des gendarmes fait état d’au moins 22 morts, un chiffre qui risque, craignent-ils, d’être revu à la hausse, s’attendant à découvrir d’autres cadavres dans les maisons incendiées.
Jusqu’à aujourd’hui, " un calme funèbre " règne à Andranondambo, entièrement déserté. La même scène s’observe dans la localité voisine, également abandonnée par la population, laquelle redoute des poursuites judiciaires.