Les cas de grossesses juvéniles consécutives à un abus sexuel sont en nette progression à Maurice. Les chiffres sont alarmants, « il est temps d’agir », interpelle une responsable du planning familial.
Le nombre des enfants victimes d’abus sexuels augmente de façon alarmante à Maurice. « Chaque année, le ‘drop-in’ center de la MFPWA accueille près de 300 enfants victimes d’abus sexuels. Parmi, quelque 200 sont enceintes », affirme sur Le Matinal Vidya Charan, directrice de la Mauritius Family Planning Welfare Association (MFPWA). Cette institution a accueilli 84 nouvelles victimes depuis le début de cette année « dont 35 étaient enceintes ». Les jeunes adolescentes de 12 à 15 ans sont les plus touchées par le fléau, précise encore cette responsable d’association.
Dans la plupart des cas, ces jeunes ont rencontré leur partenaire lors des soirées. « Et lorsqu’elles sont enceintes, certaines ne connaissent même pas l’identité du père de l’enfant », déplore Vidya Charan pour qui, la meilleure approche pour sensibiliser les jeunes seraient de mieux les informer sur les facteurs à risque et de renforcer les éducations sexuelles.
« La situation s’aggrave au fil des années. Nous avons des chiffres alarmants en face de nous. Il est temps d’agir », interpelle cette responsable.
En août dernier, Crime, Justice and Security Statistics évoquait une hausse de 8% des agressions sexuelles à Maurice depuis 2010. 59% des victimes étaient des mineurs de moins de 16 ans, soulignait cette étude parue sur Le Mauricien.
Du côté de la Child Development Unit (CDU), on enregistre chaque année quelque 300 nouveaux cas dont 221 entre janvier et août 2012.
La police mauricienne, elle, a recensé 151 cas d’abus sexuels sur mineurs entre janvier et septembre dont 64 cas de relations sexuelles avec mineurs de moins de 16 ans ; 31 cas d’attentats à la pudeur sur enfant de moins de 12 ans ; 16 cas de sodomie sur mineur et 40 cas de prostitution infantile.
Les poursuites liées à ce genre de crime restent cependant assez rares, sur les centaines de délits enregistrés en une année, seuls 76 ont été par exemple rapportés auprès de la Cour mauricienne en 2010. Ceci s’explique notamment par une lenteur dans le traitement des dossiers.
Shehenaz Hossainsaeb, co-directrice du Centre d’Éducation et de Développement des Enfants Mauriciens (CEDEM) qui accueille les victimes d’abus sexuels, se rappelle du cas de cette jeune adolescente pour qui le procès n’était pas encore achevé neuf ans après les faits. « La victime avait 9 ans au moment des faits et à 18 ans, le procès était toujours en cours. À un certain moment, elle ne voulait plus y aller et avait même oublié certains détails », raconte cette responsable d’association.