Parler d’un sujet très sérieux en adoptant un ton décalé : c’est la stratégie que les acteurs de la santé et l’agence FactoWE ont employé à Maurice pour sensibiliser la population à l’importance du dépistage du VIH. Plusieurs affiches ont été diffusées dans les rues de l’île soeur,en février. En jouant la carte de l’humour et en faisant appel aux responsables religieux, les associations et les pouvoirs publics espèrent interpeller toutes les catégories de la population, en particulier les jeunes, particulièrement concernés par la transmission du virus du Sida.
Les mauriciens ont pu découvrir cette campagne durant tout le mois de février sur plus de 85 panneaux 4X3 à travers l’île, avec en plus un spot télé, un spot radio et une page sur un réseau social.
Directement rattaché au bureau du Premier Ministre (Prime Minister’s Office), le National Aids Secretariat (N.A.S.) est une unité spécialisée dans la lutte contre le Sida. Comme de nombreux pays, l’île Maurice est touchée par ce fléau. Mais la lutte y est particulièrement compliquée en raison des nombreux tabous qui entourent la question et polluent le débat.
À la fin de l’année 2011, le National Aids Secretariat a lancé un appel d’offre pour une campagne de sensibilisation portant spécifiquement sur le dépistage volontaire dont le niveau reste faible.
« Jusqu’à présent, le dépistage du sida est lié à des idées préconçues. Ce qui fait que le dépistage devient très difficile et l’on ne peut arriver à cerner comme il le faut l’épidémie dans son sens le plus large auprès de la population. L’objectif du NAS est justement de faire tomber ces obstacles. », explique le Dr Pathack, responsable du National Aids Secretariat.
Jean-Luc Ahnee, Directeur Général Associé de FactoWE, explique la méthode adoptée par l’agence de communication : « Il s’agit d’une cause nationale essentielle, un véritable combat de santé publique qui touche chaque citoyen. Dans un pays aux dualités fortes, nous avons voulu jouer la mise en opposition et prouver, qu’en dépit des différences de convictions, d’opinion ou de goûts, il est possible de se rejoindre, de se retrouver autour d’une grande cause d’intérêt public.
Deux amateurs de cola brandissent l’un son Pepsi et l’autre son Coca : « Nou pa swazir mem cola me nou swazir depistaz VIH. » (Nous ne choisissons pas le même cola mais nous choisissons le dépistage VIH). Les deux rivaux Pepsi et Coca ont accepté de participer à cette opération. Deux mordus de foot portant des maillots de Manchester United et de Liverpool disent : « Nou pa siport mem lekip football me nou siport depistaz VIH. » (Nous ne supportons pas la même équipe de foot, mais nous supportons le dépistage VIH).
« Sollicité par le National AIDS Secretariat, dans le cadre de cette campagne nationale pour le dépistage du VIH/Sida, le Conseil des Religions a accepté de se porter volontaire pour prêter main-forte », explique le père Philippe Goupille, avec à ses côtés l’imam Abdool Majeed Korumtollee, le bahaï Reol Laval Zéphir, le pandit Ved Goopee et le bouddhiste François Lan. « Il y a beaucoup de craintes et d’embarras au niveau du dépistage de ce virus. Il est important d’encourager ceux qui sentent qu’ils doivent effectuer ce test », dira Abdool Majeed Korumtollee.
Source : agence FactoWE