Des milliers de manifestants ont manifesté leur opposition à l’indépendance à Nouméa, alors que François Hollande, qu’ils soupçonnent de collusion avec les indépendantistes, effectue sa première visite.
On pouvait lire sur une des banderoles « François, nous voulons rester français ! », rapporte Le Parisien ce matin. Aujourd’hui, vers 12 h locales, près de 10 000 personnes, ont manifesté dans les rues du centre de Nouméa à l’occasion de la première visite de François Hollande.
Certains manifestants sont ouvertement hostiles au président de la République qu’ils soupçonnent de collusion avec les indépendantistes. Un référendum d’autodétermination doit se tenir d’ici 2018.
Le chef de l’Etat avait été prévenu : une visite en Nouvelle-Calédonie, même de 36 heures, est toujours risquée. En leurs temps, François Mitterrand, Jacques Chirac et même Nicolas Sarkozy ont vécu la même chose. François Hollande n’y a donc pas échappé.
Même divisés, les partisans de Jacques Lafleur, le leader historique des anti-indépendantistes décédé en 2010, séduisent. Certains commerces ont préféré fermer leurs portes tandis que les organisateurs ont choisi l’heure de midi pour défiler. « Ça permet à ceux qui travaillent de venir avec nous », explique un adhérent de l’UMP locale.
Un autocollant est collé sur le cœur des manifestants : « Restons français », en référence au nom de la marche qui, selon ses organisateurs, se veut « apolitique ». Mais c’est bien la droite locale qui manifeste pour « Maintenir la Nouvelle Calédonie dans la République parce que l’indépendance c’est la porte ouverte au grand n’importe quoi », estime un chef d’entreprise de 60 ans, installé près de Nouméa depuis 1998. « Si je dois rentrer en France, c’est une main devant, une main derrière », lâche t-il.
Sans la France, fini les aides : « L’indépendance ça voudrait dire une baisse du niveau de vie », assure une manifestante kanak « mais 100% contre l’indépendance » parce que « ses fils sont allés à l’école grâce à la France, et maintenant, ils ont le bac et un est sapeur pompier ». « C’est pas comme au Vanuatu », une petite île voisine devenue indépendante. « Là bas, le SMIC c’est l’équivalent de 15000 francs pacifique (125 euros) par mois », affirme-t-elle.
Mais le président n’était pas à Nouméa, mais à l’inauguration d’une usine de nickel dans la province nord. « Il est pour ou contre l’indépendance ? Il est fuyant, on ne sait pas, raison de plus pour lui faire passer notre message », une étudiante de 23 ans, « Hollande fous le camp ! », entend-on parfois. « François Hollande n’est pas capable de nous dire ce qu’il veut. Alors nous le lui disons : nous voulons rester français », martèle le sénateur UMP Pierre Frogier.