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Plus de 70 ans après les faits, Hubert Zafke, 95 ans, un ex-infirmier du camp d’extermination d’Auschwitz a été jugé apte à comparaître devant un tribunal malgré son état de santé.
Le procès d’Hubert Zafke débute ce lundi en Allemagne. Malgré ses facultés physiques et cognitives très amoindries, l’ancien infirmier à Auschwitz, âgé de 95 ans doit répondre de "complicité" dans l’extermination d’au moins 3 681 juifs gazés à leur arrivée dans les camps nazis, entre le 15 août et 14 septembre 1944.
Un premier refus en juin 2015
Hubert Zafke était en poste lors de l’arrivée du convoi d’Anne Frank. La justice allemande étudie de près son cas à partir de ce lundi. En juin 2015, le tribunal avait refusé d’ouvrir un procès, sous prétexte d’une santé déclinante du vieillard. La décision était pourtant annulée en appel pour la raison que l’ancien SS n’est pas complètement inapte à être jugé. La question devrait de nouveau être abordée par le président du tribunal lui-même ce lundi.
Demande de récusation par les parties civiles
Les parties civiles contestent suffisamment cette attitude qu’elles jugent choquante et demandent une récusation. Pour le professeur de droit Cornelius Nestler, qui conseille des personnes voulant se porter parties civiles dans ce procès, il s’agit "une façon de faire qui rappelle les stratégies utilisées dans les procédures liées au national-socialisme dans les années 1960 et 70", rapporte Metro News. Dans un mémoire soutenant la récusation, il a précisé qu’à l’époque, les prévenus pouvaient éviter une poursuite justifiée à cause d’une prétendue incapacité à comparaître.
Entre 3 et 15 ans de prison
Le dossier de Zafke figure parmi une douzaine de procédures encore en cours contre d’anciens SS, en Allemagne. Ces procédures tardives démontrent la volonté allemande de juger "jusqu’au dernier" les criminels du IIIe Reich, après de rares et faibles condamnations. Hubert Zafke risque entre 3 et 15 ans de prison pour "complicité de meurtres aggravés", une situation critique vu son âge.