À la suite d’un bombardement près de Damas éborgnant un nourrisson, un photographe syrien a lancé une campagne de solidarité dans les réseaux sociaux (Twitter, Facebook et Instagram).
Le 29 octobre dernier, un raid aérien a fait plusieurs blessés et tué la mère de Karim, alors âgé de 40 jours. Le petit a été épargné mais il a perdu un œil. Pour aider le petit, des photographes syriens qui siègent dans la Ghouta orientale ont lancé une campagne de solidarité sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SolidarityWithKarim, depuis quelques jours.
Cette campagne de solidarité, soutenue par des ONG telles que Syria Charity ou Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM), a été lancée dans le but de dénoncer les raids mais surtout d’appeler à la cessation des combats.
Pour témoigner de leur soutien, beaucoup de personnalités politiques, journalistes ainsi que des anonymes ont déjà posé dans les réseaux sociaux, en masquant l’un de leurs yeux.
Lors du conseil de sécurité de l’Onu, Matthew Rycroft, actuel de la Grande-Bretagne, a tweeté une photo en cachant son œil droit avec la main.
" Nous mettons en garde contre l’inaction qui fait que plus de gens vont mourir. Plus d’écoles vont être bombardées. Plus d’enfants seront blessés… Il faut que le bombardement et le siège de la Ghouta orientale prennent fin ", écrit-il sur Twitter.
When we sit around the #UNSC & warn that inaction will mean more people are going to die. More schools bombed. More children scarred. This is what we mean.
We must see an end to the bombardment & siege of #EasternGhouta.#SolidarityWithKarim pic.twitter.com/8Io85VlDdF
— Matthew Rycroft (@MatthewRycroft1) 19 décembre 2017
Quelques ministres turcs ont aussi soutenu la campagne. D’ailleurs, la Turquie soutient l’opposition à Bachar al-Assad.
" Même si le monde se tait, même s’il ignore les cris qui s’élèvent de Syrie, nous serons la voix, les yeux et les oreilles du #BabyKerim ", a tweeté Numan Kurtulmus, ministre de la Culture et du Tourisme.
" Nous ne perdrons ni notre miséricorde ni notre espoir de paix dans le monde ", a ajouté le ministre turc de l’Agriculture, Ahmet Eşref Fakıbaba, en se cachant l’œil gauche.
Suriye’de Esed güçlerinin saldırısında bir aylıkken öksüz kalan ve bir gözünü kaybeden Kerim bebek de Türkiye’deki bütün evlatlarımız gibi bizim gözümüzün nuru insanlığımızın vicdanıdır. Biz Dünya barışı için merhametimizi de ümidimizi de kaybetmeyeceğiz. #SeniGörüyoruzKerimBebek pic.twitter.com/IRRE2e9ir3
— Ahmet Eşref Fakıbaba (@aefakibaba) 19 décembre 2017
De nombreuses photos montrent des casques blancs, membres de la défense civile en zone rebelle, des membres d’ONG et même des journalistes, comme ceux de la rédaction du quotidien allemand Bild, qui ont soutenu le bébé Karim, et cachant un œil avec leur main.
Das zwei Monate alte Baby Karim verlor bei einem Angriff Assads sein linkes Auge und seine Mutter. Darum setzt die @BILD-Redaktion heute ein Zeichen gegen die Gewalt des Assad-Regimes und seiner Verbündeten gegen knapp 400.000 Eingeschlossene in Ost-Ghouta.#SolidarityWithKarim pic.twitter.com/GZtzEVUVVs
— BILD (@BILD) 19 décembre 2017
Amer Almohibany, un photographe freelance dans la Ghouta, est à l’origine de la campagne. Vers mi-décembre, il a diffusé une photo d’un bébé ayant perdu un œil à la suite d’un raid aérien, puis il a rediffusé une photo, de lui cette fois-ci, en cachant son œil avec une main.
"J’avais visité l’enfant […] et son image m’a marqué avant même de prendre la photo. Elle me hantait…Le but de la campagne est de […] faire parvenir au monde la voix de cet enfant qui a perdu son œil et sa mère ", explique Amer, 28 ans.
Le bébé se trouvait avec sa mère à Hamouria, localité de la Ghouta quand une frappe, par un raid aérien, a touchéle marché. En effet, depuis les années 2013, le Ghouta orientale est une zone appelée de " désescalade ". Pourtant, le régime syrien fait de plus en plus de raids contre les villages tenus par les rebelles depuis le mois de novembre.
Selon le chirurgien neurologue Abou Jamil, cette blessure au lobe frontal a apporté des séquelles pour Karim endommageant en même temps son globe oculaire gauche.
" Le lobe frontal tient un rôle essentiel dans la compréhension, l’intelligence et la mémoire de l’être humain ", confie le médecin de 50 ans.
" Il y a une possibilité de traitement, avec la thérapie comportementale et cognitive (...) et aussi la chirurgie esthétique, mais pas dans la Ghouta. S’il peut sortir de Syrie, ça sera différent ", ajoute-t-il.
Quant à son père, il indique que pour le moment c’est sa tante qui prend soin de lui en permanence à l’hôpital de Hamouria.
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