Pour la première fois depuis que le régime Assad a été déclaré infréquentable en 2012, une délégation parlementaire française s’est rendue en catimini à Damas.
La délégation a rencontré le président Bachar Al-Assad, grand ordonnateur de la répression qui a fait des dizaines de milliers de morts depuis 2011, rapporte Le Monde aujourd’hui. Le Quai d’Orsay s’est nettement dissocié de cette initiative.
"On a vu Bachar Al-Assad ce matin. Plus d’une heure. C’était très direct. Je vais faire passer les messages là où il faut, comme il le faut", affirme le député UMP des Yvelines Jacques Myard. Les élus français, au nombre de quatre, dirigés par Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne et président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée nationale, se sont aussi entretenus avec le président de l’Assemblée du peuple, Mohamed Jiham Laham, et avec le mufti de la République, Ahmed Badreddin Hassoun.
Très peu d’informations supplémentaires ont filtré sur leur visite en Syrie, organisée dans la plus grande discrétion et qui doit s’achever aujourd’hui, en fin de journée. La démarche des quatre élus s’est attiré la foudre immédiate du ministère des affaires étrangères, qui a rappelé la ligne diplomatique française, prohibant tout contact avec le pouvoir syrien.
"Cela n’engage en rien la politique extérieure de la France", insiste avec agacement un diplomate. "Ils ne nous ont pas demandé notre avis et ne vont pas à Damas à notre demande. Notre ligne est inchangée : on ne parle pas à Bachar".
L’ambassade de France à Damas est fermée depuis 2012, et la représentante de la Syrie à Paris a été renvoyée. Mais depuis cette date, avec l’aide de ses alliés iraniens et russes, le président Assad a partiellement retourné la situation en sa faveur. L’enlisement de l’insurrection, sa contamination par des groupes radicaux et la montée en puissance du groupe Etat islamique mettent à rude épreuve la détermination française.