Au Pakistan, les mariages forcés et les meurtres par vengeance sont monnaie courante. Aucune justice n’est venue sanctionner les « crimes d’honneur » dans le pays.
L’une des filles de Razia, dont le témoignage est rapporté par Libération, a disparu, et une autre a été tuée par vengeance familiale. Au Pakistan, aucune justice ne vient sanctionner ces « crimes d’honneur ». La femme est âgée de mois de 50 ans, déjà veuve, et figure parmi les victimes de meurtres censés venger l’honneur bafoué d’une famille dans une société rurale, patriarcale et encore très traditionnelle.
Selon la fondation Aurat, une ONG œuvrant dans la défense des droits des femmes, plus de 3 000 Pakistanaises auraient été ainsi tuées depuis six ans. Khalida, la première fille de Razia, qui a disparu mystérieusement, vivait avec sa belle-famille à Karachi, à 450 km de son village. La belle-famille vient en plus lui réclamer une compensation : Sa deuxième fille, la jeune Shazia, devra épouser un autre fils de la belle-famille.
Après le refus de Razia, trois hommes font irruption chez elle et tuent Shazia et criant « kari », littéralement « femme noire », c’est-à-dire adultère. Les criminels ne seront jamais inquiétés. Depuis, Razia demande justice aux autorités. En vain.
Le « karo-kari », bras armé des crimes d’honneur, est courant dans les campagnes du Pakistan. Il permet à des hommes de tuer une femme de leur famille si elle est soupçonnée, même à tort, « d’adultère ou de relation illicite souillant » l’honneur familial. Des abus se cachent souvent derrière cette coutume d’un autre âge, selon Irum Awan, la policière qui dirige l’unité locale de lutte contre les crimes d’honneur dans le Sind.
« Dans la majorité des cas, l’honneur n’est que le prétexte : ce sont souvent des sœurs ou filles tuées par des hommes qui ne veulent pas leur céder une partie de la propriété familiale », dit-elle. Un constat partagé par Khalid Banbhan, rédacteur en chef d’un quotidien local sindi qui fait état chaque jour de deux ou trois affaires de ce type.
La raison du meurtre de Shazia reste floue. Le projet de mariage de l’autre famille était sans doute très intéressé. Elle n’avait apparemment commis aucun adultère. On estime que plus de 350 personnes sont ainsi tuées chaque année au nom du « karo-kari » dans la seule province du Sind.