Sans l’avale du gouvernement intérimaire, l’armée thaïlandaise a décrété la loi martiale ce mardi et la censure à 10 chaînes. Les Etats-Unis ont aussitôt émis des réserves et le Japon a fait part de sa vive inquiétude.
Après six mois de conflit qui ont coûté la vie à 28 personnes, l’armée thaïlandaise a décidé de prendre le contrôle du pays à travers une loi martiale, l’objectif étant de " restaurer la paix et l’ordre public ", selon les propres termes du général Prayut Chan-O-Cha, chef de l’armée.
" Déclarer la loi martiale n’est pas un coup d’État ", a précisé ce dernier pour rassurer l’opinion, appelant la police, les forces marines et le ministère local de l’Intérieur à œuvrer ensemble pour désamorcer la crise qui mine le royaume depuis plusieurs mois, rapporte Le Monde.
De son côté, le régime transitoire de Niwattumrong Boonsongpaisan, souligne qu’il est toujours en fonction malgré la prise de contrôle de l’armée, appelée " à agir dans le respect de la monarchie constitutionnelle ".
Le contrôle des médias a été l’une des premières mesures prises ce jour par l’armée. 10 chaînes de télévision dont BlueSky, organe anti-gouvernemental, ont reçu très tôt la visite de militaires armés.
" Nous avons besoin de la collaboration [des chaînes de télévision], afin qu’elles demandent aux gens de ne pas paniquer et qu’elles leur disent que ce n’est pas un coup d’Etat. Nous le faisons parce que la situation n’est pas stable, ils se tuent entre eux jour après jour ", tente de se défendre le chef de l’armée devant la presse, préférant éluder le mot " censure ".
Dorénavant, " il est interdit à tous les médias de rapporter ou de distribuer toute information ou toute photographie nuisibles à la sécurité nationale ", rappelle le haut gradé Prayuth Chan-O-Cha dans un autre communiqué.
Dans les rues de Bangkok, " la situation est plutôt calme ", relate encore Le Monde, citant des correspondants locaux. Les chemises rouges qui prévoyaient de tenir leur rassemblement habituel ce mardi pour dénoncer la destitution de l’ancienne chef du gouvernement Yingluck Shinawatra affirment avoir été " encerclés par des militaires de toutes parts ". selon une source sécuritaire, l’armée " tentait de négocier avec les ’chemises rouges’ pour qu’ils dispersent la manifestation ".
Autre fait marquant, l’annonce ce jour de la mise en place d’un " centre consacré au maintien de l’ordre et contrôlé par le chef des armées ". Sa mission consistera à " prévenir et résoudre les problèmes qui affectent la paix et le maintien de l’ordre dans notre pays ", selon toujours le chef de l’armée thaïlandaise. " Dans le cadre du Martial Law Act, ce centre pourra mettre en place n’importe quelle loi destinée à contrôler efficacement la situation ", poursuit-il. Le Monde de préciser que la structure serait baptisée PKCC (Peace-Keeping Command Center).
Pour les Etats-Unis, " cette loi martiale devait être temporaire et ne pas saper les principes démocratiques ". Le Japon, de son côté, n’a pas caché ses " grandes inquiétudes " par rapport à la situation qui prévaut en Thaïlande, selon des propos recueillis par La Croix.
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