Le site WikiLeaks a publié des milliers de mails attribués au directeur de campagne d’Hillary Clinton. Certains détails sont embarrassants et renforcent l’image d’une candidate calculatrice.
Bien avant le lancement officiel de sa campagne, en avril 2015, Hillary Clinton et ses équipes ont travaillé dans l’ombre pour mettre en place sa nouvelle candidature à l’élection présidentielle américaine. Certains de leurs échanges au cours de cette période, rendus publics par l’organisation WikiLeaks, mettent en lumière la stratégie de communication de la candidate démocrate et ses équipes. En voici quelques "grandes lignes" à retenir.
Parmi les révélations, il y a un nombre d’emails concernant Bernie Sanders et sa candidature à l’investiture démocrate. Ainsi, dans un email datant du 20 mars 2014, Mark Siegel, ancien directeur exécutif du Comité national démocrate, avait conseillé à Tamera Luzzarro, chef du cabinet d’Hillary Clinton à l’époque, qu’il était préférable de tenir "les gens de Bernie… avec nous mais à la marge". "Si on donne ça à Bernie dans le Comité des règles de la Convention, son équipe pensera avoir gagné quelque chose du parti. Et cela ne fait pas de différence au final. Ils gagnent. Nous ne perdons pas. Tout le monde est content", a écrit Mark Siegel.
L’équipe de campagne d’Hillary Clinton a visiblement ses journalistes "chouchous". The Intercept dévoile par exemple une invitation envoyée à de grands noms de la télévision et de la presse écrite américaines : les heureux élus, triés sur le volet, sont par exemple conviés à une réception en avril 2015 pour recueillir les "premières pensées" de ses conseillers sur la campagne à venir. Bien entendu, tout est "off the record", pour sortir des discussions scriptées. A l’époque, l’ancienne secrétaire d’Etat n’est pas encore officiellement candidate, mais ses conseillers préparent le terrain médiatique. Dans une note de janvier 2015, publiée par le site, un conseiller décrit la "très bonne relation" entretenue avec Maggie Haberman, journaliste de Politico. Le texte évoque des articles "arrangés" avec elle, ajoutant que le camp Clinton n’a "jamais été déçu" par son travail. Dans le mois qui suit, Maggie Haberman, devenue reporter au New York Times, publie deux articles sur les préparatifs de l’équipe d’Hillary Clinton. Au final, les articles en questions sont plus "nuancés" et même plus "critiques" que ce que la note du camp Clinton espérait. Enfin, une cadre du parti démocrate et contributrice de CNN, Donna Brazile, est accusée d’avoir envoyé une question d’un débat avec Bernie Sanders en avance à l’équipe de Clinton. Donna Brazile, qui n’est pas une journaliste, a nié mais son email contient la question mot pour mot.
Les enjeux de la campagne sont tels que chaque prise de parole de la candidate est surpréparée et même les tweets sont examinés à la loupe, comme en atteste un échange daté du 31 juillet 2015. Ce jour-là, le sénateur Marco Rubio interpelle la démocrate sur Twitter. Le candidat malheureux aux primaires républicaines lui reproche de faire une "erreur" en prônant le réchauffement des relations avec Cuba. Hillary Clinton doit-elle répliquer ? La question fait l’objet d’une longue série d’échanges, révélés par WikiLeaks. Faut-il ou non ajouter l’identifiant Twitter de Marco Rubio ? Commencer par l’identifiant ou par un point, pour que le message soit visible de tous les abonnés d’Hillary Clinton ? Sept heures plus tard, la réponse est enfin publiée sur le compte de l’ancienne secrétaire d’Etat. "L’embargo [avec Cuba] n’a pas fonctionné", répond-elle. Le tweet se termine par "-H" : officiellement, il est donc censé avoir été écrit par Hillary Clinton elle-même. En réalité, d’après les e-mails publiés par WikiLeaks, plus de dix personnes ont été associées à la rédaction de ce message.
@marcorubio You’ve got it backwards : Engagement is a threat to the Castros, not a gift. Embargo hasn’t worked for 50+ years. -H
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 31 juillet 2015
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