Albert Woodfox, âgé de 69 ans, a été libéré après plus de quatre décennies de détention solitaire. Il était condamné pour le meurtre d’un gardien de prison. Ancien membre des Black Panthers, un mouvement radical protégeant les Noirs des exactions policières, Alfred Woodfox a toujours nié l’homicide.
Confiné en isolement depuis 1972, Albert Woodfox a été libéré après 43 ans passés dans la solitude dans sa cellule de la prison d’Angola, en Louisiane, ce qui en fait le prisonnier américain qui a vécu le plus longtemps dans ces conditions de détention.
Albert Woodfox, 69 ans aujourd’hui, avait été incarcéré en 1971 pour un vol à main armée en compagnie de son complice Herman Wallace. En prison, le duo était devenu trio lorsque Robert King, accusé du meurtre de son co-détenu, avait été transféré dans la prison d’Angola. Le trio membres des Black Panthers militaient contre les exactions policières dont subi les détenus Noirs. Un comportement qui leur vaudra d’être placés à l’isolement : 23 heures par jour dans une cellule de 6m², pas de toilettes et une douche de 10 minutes trois fois par semaine. Motif officiel de ce traitement particulier : les trois hommes ont été condamnés pour la mort d’un garde pendant une révolte de prisonniers en 1972. Pourtant aucune preuve matérielle n’a pu être présentée.
Des "trois d’Angola", comme on les surnomme dans la presse américaine, ne reste plus qu’Albert Woodfox. En novembre 2014, il avait cru son calvaire terminé après que la Cour d’Appel des Etats-Unis a décidé sa libération, mais cette décision avait ensuite été annulée par l’Etat en février 2015, déclenchant la colère d’Amnesty France. Juin 2015, le juge fédéral a finalement prononcé sa libération, justifiant cette décision par les "circonstances exceptionnelles" qui entourent le cas d’Albert Woodfox.
#BonneNouvelle : nous venons d'apprendre la libération d'Albert Woodfox ! https://t.co/e476AfySez
— Amnesty France (@amnestyfrance) February 19, 2016
"Même si nous sommes extrêmement heureux qu’Albert Woodfox soit enfin libre, il est injustifiable qu’il ait été forcé d’endurer, décennie après décennie, ces conditions de placement à l’isolement pendant une durée plus longue que n’importe quel autre prisonnier de l’histoire des Etats-Unis", a déclaré George Kendall, l’avocat de Woodfox.
Sa libération a une résonnance particulière dans ce pays où le taux d’incarcération est parmi les plus élevés du monde (0,9% de la population adulte selon le ministère de la Justice américain) et où la proportion de Noirs emprisonnés approche les 40% de la population carcérale. Elle est surtout l’aboutissement d’un long combat pour Albert Woodfox et les associations qui, comme Amnesty International, l’ont soutenu des années durant.
BREAKING : Albert Woodfox is out of prison after 40+ years of solitary confinement @WBRZ pic.twitter.com/JiB9FaoqLD
— MichaelVinsanau WBRZ (@MVinsanau) February 19, 2016