Une protection « rapide et durable » contre le virus Ebola chez des singes, voilà ce que permet une injection d’un vaccin expérimental renforcée par une piqûre de rappel.
Le résultat d’une étude publiée dans la revue Nature Medicine le 7 septembre et repris par Le Monde aujourd’hui vient conforter l’annonce de tests sur les humains. Une injection d’un vaccin expérimental, renforcée par une piqûre de rappel, permet une protection « rapide et durable » contre le virus Ebola chez des singes.
Les cobayes étaient des macaques chez lesquels les scientifiques ont administré une injection du vaccin basé sur un virus du rhum des chimpanzés. Elle leur a procuré "une protection complète à court terme et partielle à long terme " contre Ebola, d’après les auteurs de l’étude. Par ailleurs, les animaux qui ont eu la piqûre de rappel dans le cadre d’un nouveau schéma vaccinal en cours d’étude ont développé une immunité "durable ".
Il s’agit de la première démonstration d’une protection durable conférée par un vaccin contre le virus Ebola Zaïre, l’espèce virale à l’origine de l’épidémie qui a déjà fait plus de 2 000 morts en Afrique de l’Ouest. S’il est approuvé, "ce vaccin sera bénéfique pour les populations " pendant les épidémies et en cas d’exposition professionnelle à l’hôpital ou en laboratoire, selon les chercheurs.
L’équipe de Nancy Sullivan, du centre de recherche de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), a développé un vaccin basé sur un adénovirus (virus de rhume) de chimpanzé, baptisé ChAd3. Ce virus a servi de transporteur pour délivrer dans les cellules du sujet vacciné des fragments de matériel génétique du virus Ebola, des fragments qui ne sont pas infectieux mais aident l’organisme à apprendre à reconnaître le virus pour s’en défendre.
Le choix d’un adénovirus de chimpanzé a été motivé par le fait que beaucoup de gens sont immunisés contre la version humaine de ce virus de rhume, ce qui pourrait empêcher le vaccin expérimental d’agir. Différentes doses du vaccin ChAd3 ont été testées. Une dose de virus Ebola, qui aurait été mortelle si les singes n’avaient pas été immunisés, leur a été ensuite injectée.
Quatre macaques sont restés immunisés pendant cinq semaines après une injection du vaccin expérimental. L’effet protecteur s’amenuisant au fil du temps, seuls deux d’entre eux étaient encore protégés dix mois après. A l’inverse, les quatre autres singes ayant eu une piqûre de rappel huit semaines après l’injection initiale sont, eux, restés complètement protégés contre l’infection dix mois après.
Des tests chez les humains ont été annoncés pour ce mois de septembre, la première étape du processus de validation qui en compte trois. Ils seront administrés sur des sujets sains pour vérifier la tolérance et l’enclenchement d’une bonne réponse immunitaire.