607 internes victimes de graves maltraitances dans le pensionnat "La Gran Familia" (La Grande famille) à Zamora au Mexique ont été découverts. La directrice et le personnel seraient les auteurs directs de ce crime, selon Rodrigo Archundia, responsable du service spécialisé dans les enquêtes sur le crime organisé.
Mardi, suite à une cinquantaine de plaintes "pour privation illégale de liberté" dont les administrateurs du pensionnat "La Gran Familia" font l’objet depuis des années, la police mexicaine y a mené une opération. 607 pensionnaires dont 438 mineurs et 159 majeurs, ainsi que 10 autres personnes dont l’âge n’a pas pu être connu à cause du "degré élevé de dénutrition", ont été découverts lors de cette descente de la police à Zamora (dans l’ouest du Mexique) dans ce foyer qui "avait du prestige".
D’après le responsable du service spécialisé d’enquête sur le crime, ces enfants et ces jeunes étaient victimes de mauvais traitements depuis plusieurs années. Cette opération de la police a d’ailleurs permis de recueillir des témoignages qui s’y rapportent.
Selon Tomas Zeron de Lucio, responsable des enquêtes criminelles au ministère de la Justice mexicaine, c’est la directrice et fondatrice de l’établissement, Rosa del Carmen Verduzco, ainsi que son personnel qui auraient pratiqué "des violences physiques et psychologiques" sur les internes. Lui de préciser que ces derniers "vivaient entassés".
Quelques internes racontent qu’on leur infligeait des punitions prolongées dans un très petit espace, sans qu’on leur donne à manger, à boire. D’autres révèlent qu’un employé de l’établissement les obligeait à "des actes sexuels en échange d’argent".
Les internes consommaient de la nourriture avariée et devaient faire l’aumône. Dormant par terre avec les rats et les punaises, ces enfants vivaient dans des conditions inhumaines et bon nombre d’entre eux étaient retenus de force dans l’internat. D’ailleurs, le même jour, les employés chargés du nettoyage ont retiré 20 tonnes d’ordures réparties dans les zones communes (cuisine, réfectoire) du foyer.
Ayant vécu dans le foyer, Bertha Saucedo, affirme avoir eu une fille dans l’établissement même. Elle aurait été retenue de force par la directrice. "On m’a enlevé ma fille à l’âge de trois mois", déplore-t-elle. "Quand elle a eu six ans, j’ai commencé à venir la voir et elle (la directrice) ne m’y autorisait jamais parce que ma fille était trisomique et que, si je ne la payais pas, jamais elle ne me la rendrait". Elle n’avait pas déposé plainte à ce moment là, de peur qu’ils maltraitent sa fille, la battent ou la privent de nourriture.
Les jeunes internes étaient toujours à l’intérieur du foyer mercredi matin, assistés par des fonctionnaires de l’Institut pour le développement intégral de la famille (DIF), organisme fédéral d’assistance familiale.
Selon la ministre de la justice, "le prestige dont bénéficiait l’institution faisait que les inspections ont été moins intenses". Des propos rapportés par LCI.