Le rapt de 276 lycéennes dans le nord-est du Nigeria le 15 avril dernier a été revendiqué ce lundi par la secte Boko Haram. Deux des jeunes filles qui ont pu se défaire de leurs ravisseurs racontent leur captivité.
L’enlèvement massif qui a eu lieu le 15 avril dernier dans un lycée de Borno, Etat du nord-est du Nigeria et fief du groupe islamiste Boko Haram, continue de cristalliser l’opinion à travers le pays. Alors que le sort de quelque 223 jeunes filles reste toujours incertain, le chef de ce groupe , Abubakar Shekau, affirme ce lundi avoir commandité ce rapt.
Dans une vidéo de 57 minutes dont le contenu a été relayé par Le Parisien, ce dernier déclare : "J’ai enlevé vos filles, je vais les vendre sur le marché, au nom d’Allah ". " L’éducation occidentale doit cesser et les filles doivent quitter (l’école) et être mariées ", martèle Shekau, justifiant ainsi la raison qui a poussé son groupe à prendre en captivité ces lycéennes.
Hier, deux de celles qui ont pu se défaire de leurs ravisseurs ont témoigné à la presse de ce qu’il leur est arrivé le jour du rapt.
Amina Sawok et Thabita Walse affirment ainsi que des hommes en " uniformes militaires " sont descendus dans leur école. " Ils nous ont fait croire qu’ils étaient des soldats ", mais " quand nous avons découvert la vérité, il était trop tard et nous ne pouvions plus faire grand-chose. Ils criaient, ils étaient grossiers. C’est pourquoi nous avons compris que c’était des insurgés. Puis, ils se sont mis à tirer et ont mis le feu à notre école ", racontent-elles dans le journal Sunday Punch.
Les hommes armés les embarquèrent à bord de plusieurs camions. Amina Sawok et Thabita Walse ont profité d’un moment d’inattention de la part des kidnappeurs pour sauter du véhicule dans lequel elles se trouvaient.
" Notre véhicule a eu un problème et ils ont dû s’arrêter. J’en ai profité avec quelques autres filles pour courir et nous cacher sous des buissons. Je vais bien et je suis très solide physiquement. Mon seul problème est que des amies à moi restent aux mains des terroristes ", témoignent-elles sur des propos repris par le Monde.
Selon la police locale, seules 53 filles ont pu s’échapper des mains de leurs ravisseurs ce jour là. A l’heure actuelle 223 autres seraient toujours retenues par la secte.
Quant au motif du rapt, les propos d’un ancien du village local, cité par Le Figaro, confortent les déclarations du chef du Boko Haram. D’après celui-ci, " les jeunes filles auraient été conduites au Cameroun et au Tchad pour être offertes et mariées à des militants de Boko Haram pour 2 000 nairas, soit 8 euros ".
Cette source locale se dit étonnée du fait que l’armée nigériane n’ait pas pu mettre la main sur les convois alors que ceux-ci circulent sur les routes depuis deux semaines.
Dans le pays, les parents des lycéennes sont descendus dans les rues pour réclamer plus d’actions de la part des autorités locales, lesquelles affirment avoir déjà abattu une quarantaine d’insurgés près d’une forêt où les otages ont pu être emmenés.
Pour sa part, le président nigérian Goodluck Jonathan promet de " tout faire " pour que ces lycéennes soient vite libérées.
" Nous promettons que les jeunes filles, où qu’elles se trouvent, seront sûrement libérées. C’est un moment d’épreuve pour notre pays (...), c’est douloureux ", a-t-il déclaré dimanche selon Le Monde, assurant avoir déjà contacté son homologue américain Barack Obama pour que celui-ci aide son pays à combattre l’insécurité qui y règne, principalement dans la partie nord. " Nous parlons à des pays dont nous espérons une aide (...). Les Etats-Unis sont numéro un. J’ai déjà parlé deux fois avec le président Obama " affirme le chef de l’Etat qui dit également avoir déjà pris contact avec d’autres pays voisins comme le Cameroun, le Tchad, le Niger ou encore le Bénin.