Près de 700 partisans du président déchu Mohamed Morsi, parmi lesquels figure un chef des Frères musulmans, ont été condamnés à la peine de mort par le tribunal de Minya, en Egypte, lundi 28 avril.
Un mois après une première vague de 529 condamnations à mort prononcées le 24 mars dernier, le procès de masse expéditif visant les partisans du président destitué Mohamed Morsi s’est poursuivi ce lundi 28 avril. Cette fois, quelque 683 personnes, dont le guide suprême des Frères musulmans en Egypte, Mohamed Badie, se sont vus infliger la peine capitale.
Ce jugement édicté par le tribunal de Minya, dans le centre du pays, devrait être validé par le mufti égyptien, une procédure qualifiée comme une simple formalité et qui ne devrait pas changer le sort des condamnés à mort, selon Le Monde.
Le même tribunal avait toutefois décidé de commuer en prison à vie une grande partie des peines capitales qu’il avait formulées il y a un mois à l’encontre des pro-Morsi. Un scénario attendu et envisageable pour ce deuxième volet du procès.
Près de 1 200 personnes au total ont été jugées dans le cadre de ce procès de masse, considéré comme l’un des plus grands de l’histoire récente de l’Egypte, voire du monde. Les prévenus sont accusés d’avoir participé à des manifestations violentes à Minya, une localité située à 250 kilomètres au sud du Caire le 14 août 2013. Le même jour, une répression sanglante orchestrée par des policiers et soldats a coûté la vie à quelque 700 partisans du président déchu Mohamed Morsi au cœur de la capitale égyptienne.
La BBC, qui cite l’organisation non gouvernementale de défense des droits humains Human Rights Watch, a relaté une audience réglée comme du papier à musique et bouclée au bout de quelques heures. Pire, les avocats de la défense n’ont pas eu le droit de prendre la parole.
Sur les 683 accusés condamnés, une cinquantaine seulement ont été placées en détention, les autres ayant obtenu une libération sous caution, ou bien en fuite ou encore déjà morts. Le verdict a été largement condamné par la communauté internationale, dont l’ONU, L’Union européenne ou la France.
" Le nombre stupéfiant de personnes condamnées à mort dans cette affaire est sans précédent dans l’histoire récente. L’imposition en masse de la peine de mort après un procès qui a été marqué par des irrégularités de procédure est une violation du droit international des droits humains", a réagi le Haut-Commissariat aux droits humains des Nations unies.
"Comme la haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères (Catherine Ashton) (…), nous appelons à nouveau les autorités égyptiennes à garantir aux accusés un procès équitable, fondé sur une enquête indépendante, et respectueux des droits de la défense ", a écrit de son côté le ministère français des affaires étrangères, qui a réitéré "son opposition à la peine de mort ".
"Ce verdict (...) constitue un défi aux règles les plus élémentaires de la justice internationale", a pointé la Maison Blanche, évoquant un" précédent dangereux ".