Pour justifier certaines mesures restrictives, le chef de l’État comorien Azali Assoumani a avancé "le maintien du bon ordre social". Il avait assigné à résidence l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi.
La répression gouvernementale aux Comores a fait sortir de ses gonds l’opposition. Elle dénonce les exactions que le président colonel Azali Assoumani leur a fait subir durant des mois. Suspension de la Cour constitutionnelle, interdiction de manifestations, référendum, assignation à résidence d’un ex-président, tout y serait passé. Pour l’opposition, il s’agit clairement d’"abus de pouvoir".
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Tout a commencé avec l’assignation à résidence forcée de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi. Les suiveurs de ce dernier auraient hué le chef de l’Etat Azali à la sortie de la prière de vendredi, il y a de cela une semaine. Depuis l’ancien président comorien ne peut plus sortir.
"La démocratie est menacée", a réagi Ahmed Abdallah Sambi, très probable candidat à la prochaine présidentielle. De son côté, le gouvernement en place s’est défendu de toute mesure trop exigeante. D’après ses dires, elle n’a fait "qu’appliquer les textes pris du temps de Sambi, mais jamais utilisé".
Il y a également eu l’interdiction récente de plusieurs manifestations. Au mois de mai 2018, un rassemblement du Juwa, le parti de M. Sambi, a été arrêté à grand renfort de gaz lacrymogène. Les faits avaient eu lieu sur l’île d’Anjouan. "On n’organise pas un rassemblement public sans autorisation et sans en préciser l’objet… On ne peut pas laisser s’installer le désordre dans le pays", a plaidé le ministre de l’Intérieur Mohamed Daoudou.
Autre point qui fait grincer les dents de l’opposition comorienne, la suspension de la Cour constitutionnelle depuis la mi-avril. D’après l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi d’ailleurs, son assignation à résidence a été causée par le fait qu’il ait dénoncé cette décision du chef d’État colonel Azali.
Après ce coup d’éclat, le président comorien a annoncé une réforme des institutions pouvant permettre plusieurs mandats successifs. Ces modifications seront votées par référendum le 29 juillet 2018. Il a notamment fait savoir qu’en cas de victoire du oui, il organiserait des élections présidentielles et législatives anticipées dès 2019, au lieu de 2021. "Azali vient de mettre en place une machine de guerre pour ses ambitions personnelles", a estimé son homologue du parti Juwa, Ahmed el-Barwane.
L’inquiétude se fait sentir jusque dans la société civile. "On est sorti de la République pour rentrer dans une monarchie qui ne dit pas son nom", a déploré Salim Soulaimana, président de la Fédération des organisations de la société civile (Fecosc). Une situation peu réjouissante sachant que les Comores ont dû affronter plusieurs putschs par le passé. Le dernier en date avait eu lieu en 1999 et avait permis au colonel Azali de rester au pouvoir jusqu’en 2006.
Source : TV5 Monde