Le surpoids et l’obésité sévère sont susceptibles de faire perdre jusqu’à 10 ans d’espérance de vie selon une vaste étude publiée dans le magazine The Lancet. Les chercheurs ont mesuré le risque de mourir de façon prématurée, avant l’âge de 70 ans.
Selon les résultats d’une vaste analyse de données portant sur près de 4 millions d’adultes sur quatre continents, il semble que les personnes qui souffrent d’une forme sévère d’obésité ou d’un surpoids important ont une réduction spectaculaire de leur espérance de vie par rapport aux personnes de poids normal. Les chercheurs sont en alerte et rappellent qu’aux Etats-Unis, 6% des personnes sont désormais classées comme "extrêmement obèses", donc à risque potentiel de décès prématuré (soit avant 70 ans).
Selon le principal auteur de l’étude Emanuele Di Angelantonio, de l’Université de Cambridge (Royaume- Uni), les recherches effectuées "établissent de façon certaine que le surpoids ou l’obésité sont associés à un risque accru de décès prématuré". Pour en venir à ce résultat, 500 chercheurs de plus de 300 institutions se sont associés pour étudier le cas de 10,6 millions de personnes adultes. Au total, 239 études étaient conduites entre 1970 et 2015 en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et Nouvelle Zélande et en Asie. Les chercheurs ont exclu de leur échantillon les fumeurs et anciens fumeurs, ceux qui souffraient de maladies chroniques au début de l’étude et ceux qui sont décédés dans les cinq ans suivant. Au final, ils ont travaillé sur des données concernant 3,9 millions de personnes adultes. "Cette collaboration est la plus importante et la plus rigoureuse jamais réalisée pour en finir avec les controverses entourant l’indice de masse corporelle et la mortalité", assure Shilpa Bhupathiraju, de l’École de Santé publique de Harvard et co-auteur de l’étude.
"En moyenne, les gens en surpoids perdent un an d’espérance de vie, les personnes modérément obèses trois ans", souligne M. Di Angelantonio. "Quant aux personnes atteintes d’obésité sévère, elle perdent environ dix ans d’espérance de vie", précise-t-il à l’AFP. "Les résultats de l’étude contredisent des travaux récents selon lesquels il y aurait un avantage sur le plan de la survie à être en surpoids - un soi-disant ’paradoxe de l’obésité’", note l’Ecole de Santé publique de Harvard (Etats-Unis), qui a participé à l’étude. Celle-ci "montre que les risques de maladie coronaire, d’accident vasculaire cérébral, de maladie respiratoire et de cancer sont tous augmentés", souligne M. di Angelantonio. Le risque de décès prématuré augmente "régulièrement et fortement" à mesure que les kilos excédentaires s’accumulent, souligne l’étude. Elle révèle aussi que l’effet du surpoids ou de l’obésité sur l’espérance de vie est "trois fois plus grand chez les hommes que chez les femmes", ajoute M. Di Angelantonio.