Cinq médicaments prescrits dans le traitement de l’arthrose vont être déremboursés à partir du 1e mars. La décision a provoqué la colère des soignants.
La raison de la décision est un "service médical rendu insuffisant", selon la Haute Autorité de santé, rapporte le site metronews.fr. L’avantage est considérable : cela permettra à l’Assurance maladie d’économiser environ 3,8 millions d’euros par an, le montant qu’elle a déboursé en 2013 pour ces cinq médicaments.
Mais la décision a provoqué la colère des soignants, craignant pour les neuf à dix millions de français qui souffrent d’arthrose. Ainsi, l’Association française de lutte antirhumatismale a lancé une pétition pour tenter de bloquer ce déremboursement, en vain.
Des médicaments pour soulager l’arthrose, et non la guérir
Les médicaments radiés de la liste des spécialités remboursables, à savoir le Dolenio, le Flexea, l’Osaflexan, le Structoflex et le Voltaflex, sont des traitements anti-arthrosiques symptomatique d’action lente. Ils sont utilisés pour soulager les symptômes liés à une arthrose légère à modérée du genou qui concerne 30% des personnes de 65 à 75 ans. En effet, l’arthrose est une maladie chronique qui, une fois déclarée, persiste. Les traitements actuels ne permettent pas d’en guérir.
Deuxième chose, une efficacité trop modeste pour justifier un remboursement
Le principe actif a pour nom la glucosamine, une substance naturellement retrouvée dans le corps humain, dont ont besoin le liquide synovial et le cartilage. Mais leurs effets sur la douleur et la gêne fonctionnelle liées à l’arthrose sont minimes.
Troisième point, le risque de se tourner vers d’autres médicaments aux effets indésirables graves
Selon le professeur Pascal Richette du service de rhumatologie de l’hôpital Lariboisière à Paris, si la Haute Autorité de santé dit dérembourser les médicaments les moins performants pour prendre en charge les plus efficaces, dans le cas de l’arthrose, "la pharmacopée est réduite".
Or, "quand vous déremboursez un médicament, le volume des prescriptions diminue de 50%". Le risque, donc c’est que les patients et les prescripteurs se tournent vers les antalgiques, alors que leurs effets indésirables sur le plan digestif et cardiovasculaires sont plus rares mais plus graves.
Si un médecin continue d’en prescrire, ce n’est pas dangereux, au contraire
Il serait alors plus sûr que les médecins continuent à prescrire ces cinq médicaments malgré le déremboursement. D’autant que service médical rendu insuffisant signifie "insuffisant pour justifier une prise en charge financière par la solidarité nationale" et non médicament dangereux ou inefficace.
Le porte-monnaie ne sera pas trop délesté
Quant au porte-monnaie des malades, il ne devrait pas trop en souffrir, la glucosamine n’étant pas prescrite sur la durée mais ponctuellement, "pour faire tourner les molécules anti-arthrosiques et faire une petite pause entre les antalgiques".