La dégradation de l’environnement est responsable de la plupart des maladies. Un professeur de renom pointe particulièrement du doigt les champs électromagnétiques.
Dans un ouvrage publié il y a 10 ans, le Pr Dominique Belpomme, un éminent cancérologue, dénonce l’inertie générale face à la dégradation de l’environnement qui serait, selon lui, responsable de la majorité des maladies particulièrement de la survenue des cancers. L’ouvrage intitulé "L’appel de Paris" met en exergue le risque de disparition de l’humanité à cause des pollutions chimiques, le professeur Dominique Belpomme constate que ce risque s’est encore aggravé malgré les efforts des autorités.
Interviewé par Le Point, le célèbre cancérologue détaille son analyse. D’emblée, le professeur dénonce les effets des champs électromagnétiques, "les champs électromagnétiques sont l’une des principales causes qui se profilent", dit-il en plus des multiples pollutions qui ont envahi nos sociétés "modernes". Il dit avoir la plus grande série mondiale de malades : "Ils sont un millier", déclare-t-il. Et ils souffrent de migraines, de rhumatismes, de troubles de la fertilité, de dermatoses, de problèmes neurologiques, de cancer, d’autisme, de diabète…
Le Pr Dominique Belpomme alerte particulièrement sur le lien entre pollution et autisme : "On a des malformations congénitales en augmentation considérable. Un enfant sur dix naît aujourd’hui avec une malformation congénitale ou une maladie rare. On est passé d’un facteur de 1 à 1 000 en vingt ans. Le meilleur exemple, c’est en effet l’autisme : un enfant sur 80 naît autiste dans les pays dits développés ; il y a 20 ans, c’était un enfant sur 10 000. Pour l’autisme, on sait maintenant que c’est lié à la pollution chimique (avec les pesticides organo-chlorés et le mercure notamment dans les amalgames dentaires des mères) et à la pollution des champs électromagnétiques".
Bien évidemment des efforts ont été constatés suite au lancement de "L’appel de Paris", le colloque s’est tenu le 14 novembre, mais c’est encore "insuffisant", lâche-t-il : "Il y a eu des effets positifs plus ou moins directs, comme le système REACH au niveau européen (un système intégré d’enregistrement, d’évaluation, d’autorisation et de restrictions des substances chimiques, NDLR) ou le Grenelle de l’environnement en France, mais c’est insuffisant face au défi que nous avons à relever, d’autant que le nombre de victimes a considérablement augmenté".
Le Point relève également qu’il existe désormais des nouveaux patients dits "électro-hypersensibles" : "Ce sont des gens qui ont abusé six fois sur dix du portable, ou qui ont une véritable addiction à l’ordinateur (en mode Wi-Fi), ou encore qui ont la malchance d’habiter à côté d’un transformateur électrique, d’une ligne à haute tension ou d’un pylône antenne-relais. Les symptômes sont souvent des migraines, acouphènes avec pertes d’équilibre, malaises, eczéma, raideur de la nuque, troubles cognitifs, pertes de mémoire immédiate, absences... Ces gens-là sont dans des situations pré-Alzheimer".
Le professeur de dénoncer le comportement des Etats : "Le plus grave, c’est qu’il y a un déni politique quasi complet vis-à-vis des données scientifiques actuelles. La révolution médico-scientifique est faite ; on sait maintenant que la plupart des maladies sont liées à des facteurs environnementaux, et pas uniquement à des facteurs liés aux modes de vie. Mais les savants ne sont plus écoutés par les pouvoirs publics comme au temps de Pasteur... ".
D’ailleurs, à ce titre, le Pr Belpomme a un nouveau projet en tête : "Puisque les politiques n’ont pas compris, il faut passer à la morale et au droit. Mon but est de faire reconnaître par la Cour pénale internationale la pollution et la destruction de la nature comme crimes de santé publique".