Après les homos, les bis et les trans… C’est au tour des asexuels de revendiquer leur cause : absence de désir et volonté de vivre un amour platonique. Les asexuels sortent de l’ombre : qu’en pensez vous ?
S’aimer sans faire l’amour et l’assumer. Cela s’appelle être asexuel. Le mouvement est né aux Etats-Unis à partir d’un site créé par David Jay. A sa création en 1991, le site comptait 51 membres. On dénombre aujourd’hui 2 000 inscrits. Le point commun des asexuels : ne ressentir aucun attrait pour les plaisirs charnels. Ce qui ne les empêche pas d’avoir une vie sentimentale. Etre asexuel ne signifie pas être affectivement frigide. Selon les sexologues, l’asexualité est un « désir sexuel hypoactif », c’est-à-dire un désir sans pulsion sexuelle.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le phénomène n’est pas nouveau. La plupart des sexologues, européens et américains, évaluent à 10% la proportion d’asexuels dans la population. Ce qui est en revanche nouveau, c’est sa dimension militante. Dans une culture où avoir une sexualité active et régulière est assimilé à la normalité, où le sexe est vendu comme un produit de consommation courante, les asexuels font figure de révolutionnaires. Sous leur bannière se retrouvent désormais les impuissants, les déçus et blessés de l’amour, les phobiques sociaux ainsi que les abstinents volontaires.
En outre, il est parfois possible de trouver une cause à l’état d’asexualité. En effet, il se peut qu’on n’ait pas encore trouvé la personne avec laquelle on aimerait se laisser aller complètement ou parce que notre première relation s’est mal déroulée. Mais dans plusieurs cas, l’asexualité résulte d’une expérience traumatisante, de la crainte d’un échec, d’une homosexualité refoulée ou tout simplement de l’usure du couple.
De plus en plus de personnes asexuelles ne vivent pas plus repliées sur elles mêmes que les personnes ayant une vie sexuelle « normale ». D’ailleurs, certaines militent pour le « droit à être asexuel ». D’autres, encore très nombreux, vivent encore leur état dans une grande solitude.
Être asexuel, c’est savoir au plus profond de soi que la relation sexuelle et intime avec l’autre n’est pas une option de vie. Afin de savoir si une femme ou un homme est réellement asexuel, il faut être capable de faire un vrai travail sur soi pour connaître les réponses authentiques afin de savoir que ce manque d’intérêt ne provient pas d’une dépression, d’un dérèglement hormonal, d’une mauvaise hygiène de vie, d’un déni du désir, d’un développement perturbé… Bref, un regard sincère et profond sur soi offre les réponses qui s’imposent.
En général, l’asexualité
dure toute la vie pour les personnes qui n’ont réellement aucun désir sexuel. Pour les personnes qui refoulent inconsciemment leurs envies, une thérapie peut être utile et permettre de réveiller une libido jusqu’à présent endormie.