Il n’existe pas de profil-type de femmes victime de violence conjugale. Toute femme peut, un jour, se retrouver sous l’emprise d’un ami, d’un partenaire ou d’un conjoint violent. Mais l’histoire personnelle, les périodes de fragilité ou de vulnérabilité, peuvent devenir facteurs de risque. La femme victime de la violence n’est pas nécessairement une personne sans ressources. C’est peut-être votre collègue de travail, cette commerçante chaleureuse, cette enseignante, votre médecin, cette jeune cadre dynamique... et dont on ne soupçonne pas l’enfer quotidien.
Généralement, la violence conjugale débute par une violence verbale et psychologique. Pour exprimer reproches, mépris ou menaces, beaucoup d’hommes crient, s’énervent hurlent, deviennent agressifs, parlent plus fort que la femme pour l’empêcher de parler. Parfois au contraire, ils opposent à leur femme un silence méprisant, ils ne répondent pas à ses questions, ne l’écoutent pas et refusent tout dialogue.
L’agresseur renvoie à la victime une image d’incompétence et de nullité. Il l’atteint dans son image et dans son identité. La victime perd progressivement confiance en elle et en ses possibilités. Elle s’isole et s’enferme dans la honte. Cette violence peut conduire à la dépression, à l’alcoolisme voire au suicide.
La violence physique se manifeste sous de multiples aspects : les femmes subissent des coups sur le corps ou sur le visage. Leur partenaire leur tape la tête contre le mur, leur tire les cheveux, leur crache dessus, les pousse dans les escaliers, les empoigne, les secoue, les bouscule, les étrangle, les jette contre les vitres ou contre les murs, leur tord les poignets, les immobilise pour les empêcher de se défendre, leur saute dessus, les jette hors du lit, leur casse un objet sur la tête ou le corps, lance un objet contre elles, les prend par la peau du ventre, les marque pour les empêcher d’aller au travail, leur arrache les habits…
Les femmes se retrouvent parfois chassées de l’appartement : certaines trouvent la porte fermée quand elles rentrent ou sont séquestrées : par exemple enfermée dans une pièce pendant des heures. Plus grave encore, certains hommes menacent de tuer leur partenaire avec un objet dangereux (couteau, fusil…)
La violence sexuelle est la plus cachée. L’homme violent oblige sa compagne à avoir des rapports sexuels malgré elle, avec lui ou avec d’autres partenaires. Il peut parfois la forcer à se prostituer. Les viols, les agressions sexuelles, les rapports acceptés sous la contrainte ou pour calmer le partenaire sont ses quotidiens. Les victimes ont beaucoup de mal à parler d’une violence liée à une sexualité, bien qu’il s’agisse de viol ou d’agression sexuelle punis par la loi, ces actes restent associés au devoir conjugal.
La violence économique s’exerce différemment selon les milieux : allocation familiales, revenus déposés sur un compte dont seul le partenaire détient la signature, biens immobiliers mis sous la gestion de monsieur ... La violence économique a pour objet de déposséder la victime de toute possibilité d’autonomie financière.
Aussi, pour identifier une situation de violence conjugale, il y a des questions à vous poser ou à poser à celle que vous souhaitez aider.
Avez-vous le sentiment que votre compagnon vous dévalorise en public ou en privé, qu’il vous ignore et ne tient pas compte de votre avis ? Ne s’adresse-t-il à vous que par des cris et des ordres, sa présence vous fait-elle peur ou sursauter ? Son attitude vous isole-t-elle de vos amis, de votre famille ou de votre entourage ? Avez-vous l’impression de perdre le contrôle de votre vie et de celle de vos enfants ? La peur et la sensation de danger font-ils partis de votre quotidien ?
Des réponses positives à la plupart de ces questions présagent une situation de violence conjugale. Ce ne sont pas seulement les coups qui sont punis par la loi, et il ne faut pas attendre que la maltraitance devienne physique pour réagir. Que vous soyez la victime ou le témoin de violences conjugales, réagissez sans perdre une seconde. La situation ne s’arrangera pas d’elle-même, quel que soit le nombre de secondes chances qu’on donne au conjoint.
Le plus important est de briser le cercle du silence, en parlant à des voisins, des collègues ou un travailleur social... Ils vous aideront, et surtout constitueront des témoins précieux si vous décidez de porter plainte. Faites également constater les blessures par un médecin (en demandant un certificat d’arrêt de travail, même si vous n’avez pas d’emploi). Vous pouvez porter plainte ou déposer une main-courante (un simple signalement des faits) dans n’importe quel commissariat.
Bien que ce soit encore rare, les hommes aussi sont victimes de violences conjugales. Un homme meurt tous les 10 jours, tué par sa conjointe. Le phénomène est peu connu, mais les victimes ont les mêmes droits, qu’elles soient féminines ou masculines.
Des thérapies peuvent être mises en place, à condition qu’une prise de conscience se fasse, dans le couple, avant qu’il ne soit trop tard. Il peut s’agir de thérapies familiales, de thérapies de couple ou de thérapie individuelle. Ces thérapies permettront de comprendre cette violence et d’y remédier. Elles permettront également aux personnes victimes de retrouver ou de découvrir, enfin, l’estime de soi.