La solitude semble gagner du terrain en France et 74% des jeunes entre 18 et 24 ans en sont victimes. Le phénomène connaît une courbe croissante depuis 2010.
Alors que l’on croyait que les jeunes étaient épargnés du phénomène de la solitude, une étude TNS-Sofres pour la Fondation Monoprix rapportée par Metronews montre le contraire. 49% des jeunes compris entre 18 et 24 ans ont déclaré être "souvent" ou "parfois" victimes de solitude contre 39% pour le reste de la population. En incluant les réponses "à de rares occasions", les chiffres atteignent les 74%. A en juger par ces statistiques, la situation est particulièrement alarmante pour cette tranche de la population. D’autant plus qu’en 2010, ils n’étaient que 33% à ressentir "souvent" ou "parfois" la solitude, soit une hausse de 16 points en 2014.
Toutefois, le psychiatre Gérard Macqueron, auteur du livre Psychologie de la solitude a tenu à mettre la population sur le même niveau de connaissance sur la définition de la solitude. Ce dernier a mis l’accent sur trois points. En effet, il estime que se sentir seul ne signifie pas forcément être seul. Gérard Macqueron distingue donc "l’isolement, qui constitue un fait sociologique et se définit par le fait d’avoir moins de deux contacts par jour" de la solitude, "le fait de vivre seul, qui peut être un choix et être très bien vécu" et enfin le "sentiment de solitude." Partant de ces trois cas de figures, les jeunes qui se sentent seuls ne le sont pas forcément au quotidien.
Comme révélé par l’étude : "D’après vous, quels sont les groupes de personnes les plus touchés par la solitude ?", seulement 12% des sondés répondent "les jeunes". Toutefois, cette proportion atteint pratiquement le double (21%) quand les jeunes répondent par eux-mêmes. Il s’agit ainsi d’un écart de perception significatif qui prouve que ce mal-être de la jeunesse est "assez minoré" par la population globale, explique Emmanuel Rivière, directeur de l’unité "Stratégies d’opinion" chez TNS-Sofres.
De nombreux facteurs contribuent à ce sentiment de solitude en dehors de la période classique "d’initiation", après avoir quitté le cocon familial. Ainsi, l’on note l’état dégradé du marché de l’emploi, la prolongation de la durée des études ou encore la grande mobilité géographique. "La solitude renvoie au sens de la vie. L’avenir de ces jeunes semble plus ombragé que pour les générations précédentes. Aujourd’hui nous sommes dans un pays où l’on a l’impression qu’il n’y a pas de projet pour la jeunesse. Chez elle, les conditions politiques et économiques du pays accroissent clairement le sentiment de solitude" a expliqué le psychiatre Gérard Macqueron.