Michel Edouard Leclerc est de retour à la Réunion. Le PDG du groupe Leclerc posera demain la première pierre d’un nouveau centre commercial à la Ravine des Cabris à Saint-Pierre. Invité sur le plateau d’Antenne Réunion, le patron de l’enseigne de distribution a dressé le bilan de ces deux premières années d’activité dans notre département et présenté ses projets futurs. Pour Michel Edouard Leclerc, "la concurrence ne fait que commencer".
Il y a deux ans, vous aviez promis du changement aux consommateurs réunionnais. Les clients interrogés dans l’un de nos reportages semblent assez déçus. Que pouvez-vous leur répondre ?
Michel Edouard Leclerc : D’abord, je suis satisfait de la première implantation de cette enseigne. Leclerc n’est pas une société cotée en bourse. Je rappelle aussi que ce sont des Réunionnais, des familles réunionnaises qui sont venues chercher notre enseigne. Avec des outils qui ne représentent même pas 10% des surfaces commerciales de la grande distribution, nous avons fait baisser les prix. Au chariot-type, c’est toujours ou presque toujours Leclerc le moins cher.
Nous avons fait descendre de 10% (de 111 euros à 101 euros) le prix de ce chariot-type et nous avons obligé nos concurrents sur ces articles, à descendre leurs prix de 15%. Ce sont des faits que tous les panélistes peuvent relever. C’est une belle première étape mais je suis d’accord avec les Réunionnais. Je ne suis pas là pour faire un effet de manche et le temps du média n’est pas le mien. Je suis venu ici pour travailler avec les deux familles qui gèrent l’enseigne Leclerc à la Réunion. Nous sommes en train de préparer la phase 2, à savoir le remodelage de tous leurs anciens magasins, pour plus de confort et une extension de gamme. Sur quatre ans, nous investirons beaucoup pour agrandir ces magasins, nous ouvrirons de nouveaux supermarchés et la concurrence ne fait que s’installer. Ce n’est que le début.
Vous dites que les prix ont baissé. Pourtant, plusieurs études parmi lesquelles une enquête réalisée par l’Insee en 2010 montrent des écarts de prix encore importants entre la métropole et la Réunion. Est-il possible de les réduire davantage ? Et comment ?
Michel Edouard Leclerc : Concernant l’évolution des prix à la Réunion, il y a bien eu un "effet Leclerc". Tout le monde reconnait que l’année dernière, les prix ont été stables dans l’île. En parallèle, il y a eu une inflation mondiale et notre rôle c’est d’être le moins cher. Je ne peux pas garantir qu’il n’y aura pas d’inflation mondiale, d’autant plus que la Réunion est une île. Il y a des coûts de transports et les taxes : là-dessus, je ne peux pas faire la révolution en une journée. Mais notre objectif, c’est évidemment de réduire cet écart de prix qu’il y avait et de faire jouer la concurrence car elle n’existait pas à la Réunion.
Faut-il miser par exemple sur la production locale pour trouver des solutions ?
Michel Edouard Leclerc : C’est une des solutions que nous étudions. C’est évident qu’au niveau des écarts de prix entre la Réunion et la métropole, on notait des problèmes de manque de concurrence. Il y a aussi des problèmes de transport. Les coûts sont prohibitifs et puis il y a des problèmes de taxe. Personne ne veut évoquer l’octroi de mer, cette sorte d’impôt que paient tous les consommateurs. Tous cela influe sur le prix des produits. Nous, nous pouvons jouer sur la partie marges de distribution. Nous pouvons aussi construire une logistique qui ne dépende pas forcément de la métropole, pour acheter moins cher sur tout le terrain asiatique.
Le groupe Leclerc se porte bien. L’enseigne compte 15 magasins sur toute l’île et deux nouveaux établissements devraient voir le jour prochainement. Peut-on envisager de baisser encore les marges ?
Michel Edouard Leclerc : Oui on peut les baisser, on peut surtout "étendre le domaine de la lutte" pour paraphraser le romancier Houellebecq et faire en sorte que les baisses de prix ne soient pas simplement sur quelques articles. Par exemple, dès la fin de cette année, nous allons faire porter la bataille de prix sur la boucherie et sur les produits frais, mais il faut toute une centrale d’achat et de logistique. Pour cela, il faut que nous investissions et je suis là pour témoigner de cet engagement dans la durée.