L’URML OI (Union Régionale des Médecins Libéraux de l’Océan Indien) alerte et appelle au renforcement des contrôles et des mesures de prévention.
L’URML OI constate que la situation épidémique s’aggrave à la Réunion avec un taux d’incidence qui augmente progressivement et de manière très significative.
Nous avons dépassé le seuil d’alerte et nous atteindrons d’ici peu les critères qui déclencheront un couvre-feu généralisé.
Au vu de la gravité de la situation, nous souhaitons nous adresser à la population réunionnaise.
1) Les retours de vacances (Hexagone et Mayotte) et la rentrée scolaire,
2) L’introduction des variants notamment le sud-africain qui est beaucoup plus contagieux que le virus initial qui prévalait jusqu’alors chez nous,
3) Le manque de contrôle sanitaire aux frontières : tests RT-PCR falsifiés et non contrôlés avant l’embarquement, les motifs impérieux non respectés, le non-respect de la septaine recommandée et la non-réalisation du test en sortie de septaine,
4) Le relâchement de la population réunionnaise quant à l’application des mesures barrières, et encore plus avec les nouvelles consignes plus rigoureuses. Nous constatons encore trop souvent le non-respect du port du masque adapté, le manque de distanciation physique quand le masque n’est pas porté ou encore le non-respect des jauges capacitaires dans certains établissements recevant du public,
Nous sommes inquiets car à la veille d’une reprise épidémique bien plus grave qu’en août/septembre ou octobre/novembre.
L’introduction du variant sud-africain va accélérer la diffusion de l’épidémie car ce virus « s’accroche » beaucoup plus à l’homme le rendant ainsi beaucoup plus contagieux.
Cela va entrainer mécaniquement plus de cas positifs, plus de patients en hospitalisation ou en réanimation, qui reste le goulot d’étranglement de notre système de santé.
Jusqu’à présent 1 personne Covid+ pouvait contaminer 30% environ de son entourage, ce taux passe à 90% avec le variant sud-africain. Celui-ci circule activement sur toutes les communes de l’île et devrait être majoritaire dans les jours à venir. Si nous faisons un parallèle avec le département de Mayotte ou l’Afrique du Sud, nous risquons d’être submergés par l’épidémie. Notre système de soins qui fonctionne déjà à plein régime avec la prise en charge des pathologies lourdes (pathologie cardio-vasculaire, cancéreuse, neurologique, polytraumatisés…) ne pourra y faire face qu’au prix d’une déprogrammation massive de ces patients fragiles avec une perte de chance comme nous l’avions constaté lors du confinement. Malgré l’augmentation des lits dédiés en hospitalisation classique et en réanimation, la surtension du système se fait déjà ressentir actuellement. Cela s’explique par la reprise épidémique à la Réunion et par les transferts sanitaires de l’ensemble des français de la zone Océan Indien car c’est notre devoir de solidarité régionale qui doit prévaloir en toutes circonstances.
1) Prévention avec une application stricte des mesures barrières, du port du masque chirurgical ou de catégorie 1, de la distanciation physique de 2 m, du lavage des mains et des surfaces entre autres. La population réunionnaise a toujours répondu présent à nos sollicitations et nous leur demandons un nouvel effort individuel et collectif,
2) Contrôle des voyageurs, en poursuivant les efforts déjà engagés par l’ARS et la Préfecture, par un renforcement des contrôles sanitaires aux frontières notamment la détection de toute fraude préjudiciable à la sécurité sanitaire,
Certes, le taux de cas importés est considéré comme faible, mais ne l’oublions pas, ces données nesont pas représentatives au vu du faible taux de réalisation des tests RT-PCR par les voyageurs en sortie de septaine,
3) Rapatriements sanitaires sur notre département : nous y sommes favorables pour des raisons éthiques, mais en fixant un seuil et en adoptant une vigilance accrue sur le nombre et les indications des Evasan pour éviter la saturation de l’organisation sanitaire locale. Nous allons également solliciter le Ministre des Solidarités et de la Santé pour mettre en œuvre les mesures adaptées à Mayotte avec les renforts sanitaires humains qui arrivent déjà sur place mais également l’installation d’un hôpital de campagne comme cela avait été le cas dans le Grand Est en mars 2020 voire le déploiement de bâtiment de la marine comme le Mistral en soutien à nos compatriotes de Mayotte. Il faudrait que l’État puisse également venir en renfort sur notre département aussi bien en moyens humains que matériels pour nous permettre d’assurer ce devoir de recours sanitaire que nous avons dans la zone Océan Indien.
4) Organisation des soins à la Réunion : nous demandons, dans l’intérêt de nos patients, que les déprogrammations soient les plus tardives possibles et les plus limitées possible en concertation avec les professionnels de santé prenant en charge le patient.
5) Recours à la vaccination pour les populations actuellement concernées, et qui sont de surcroît les plus vulnérables, susceptibles de faire des formes graves.
L’URML OI souhaite apporter tout son soutien à l’ensemble des médecins libéraux et hospitaliers œuvrant au quotidien dans des conditions difficiles depuis un an pour répondre aux besoins de la population durant cette crise sanitaire qui risque de s’aggraver.
L’URML OI souligne l’importance du rôle du médecin traitant dans le parcours des patients Covid+ ou non et recommande à la population de prendre contact avec son médecin habituel pour tout conseil (dépistage, isolement vaccination, … ).
Nous comptons sur la population réunionnaise pour suivre les recommandations médicales et sur les autorités sanitaires afin d’éviter ce qui pourrait se transformer en catastrophe sanitaire.