L’Europe reporte son vote sur la reconduction de la licence du glyphosate. Un herbicide suspecté d’être cancérogène. Les agriculteurs de La Réunion attendent la décision de Bruxelles. Les planteurs de canne, notamment ont recours au glyphosate dans les champs.
Dans ce bidon utilisé par cet agriculteur de Saint-Pierre, on retrouve la présence de glyphosate : près de485 grammes par litre. Mélangé à de l’eau, l’herbicide aide à lutter contre les mauvaises herbes.
"J’utilise le glyphosate seulement contre le chiendent. C’est un produit dangereux. Si mi utilise 5 litres pour toute ma parcelle, c’est le maximum. Personnellement, en tant qu’agriculteur, je ne supprime pas si on supprime ce produit, parce que je sais que j’utilise un poison", confie Jean-Bernard Maratchia, planteur de canne à sucre.
En effet, selon des scientifiques, le glyphosate serait cancérigène pour les animaux. Aucun impact n’a été mesuré chez l’homme, mais Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire souhaite l’interdire d’ici à trois ans en France. À ce jour, il n’y a pas d’autre herbicide efficace, et les moyens de lutte existant coûtent très cher.
"Nous sommes inquiets car aujourd’hui il n’y a pas d’alternative. Quelles mesures seront mises en place, que ce soit agro-environnementale ou autre, pour remplacer ce produit", s’inquiète Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’Agriculture.
"Je pense que les services de l’État, l’Europe doivent subventionner des outils mécaniques. Il y a aussi des brûleurs, et cela existe aussi en vapeur, pour que l’on arrête d’utiliser ces produits", poursuit Jean-Bernard Maratchia.
Les chiffres sont toutefois inquiétants. À La Réunion, on utiliserait beaucoup plus de glyphosate qu’en Métropole, selon le docteur Bruno Bourgeon, invité du Journal télévisé d’Antenne Réunion.
"Les chiffres étaient très difficiles à obtenir. Je les ai eu par le ministère des Finances, qui m’a envoyé le Tableur de tout ce qui est envoyé à La Réunion, soit 250 tonnes de pesticides importés chaque année pour 44 000 hectares de surface agricole utile (SAU). Soit 5,6 kilos à l’hectare, contre 2,3 kilos dans l’Hexagone."
Mais pour les planteurs, difficile de remplacer le glyphosate. D’ailleurs, les États-membres de l’Union européenne n’ont pas voté ce mercredi comme prévu pour décider du renouvellement de la licence. Des réflexions vont encore être menées.