Météo France fait le bilan de la première moitié de la saison cyclonique. Les météorologues n’ont jamais observé depuis le début de l’ère satellitaire une telle situation : pas de tempête ou cyclone entre novembre et janvier.
L’activité cyclonique attendue lors de la deuxième partie de saison devrait rester plus faible que la normale, mais ne devrait pas être aussi calme que les derniers mois.
Météo France appelle à la vigilance car la saison est loin d’être terminée et une menace cyclonique reste toujours possible sur les terres habitées de la zone.
Après les épisodes atypiques d’ABELA (juillet) et BRANSBY (octobre), un calme absolu s’est installé sur le bassin depuis le début officiel de la saison cyclonique (mi-novembre), à peine troublé en fin de semaine dernière par l’émergence d’une éphémère et anecdotique dépression tropicale (03-20162017).
Une aussi longue période sans activité notable, alors que nous sommes maintenant quasiment au cœur de la saison, est un fait sans précédent et exceptionnel : 2016-2017 est la première saison cyclonique depuis 1967 et le début de l’ère satellitaire, à ne pas connaître le moindre épisode cyclonique significatif (i.e. tempête tropicale ou cyclone) sur le trimestre novembre-décembre-janvier ! Notons de surcroît qu’un mois de janvier totalement « blanc » (en termes de tempête ou cyclone), comme nous venons de le vivre en 2017, constitue un événement tout aussi remarquable, mais cette fois-ci pas unique, puisque la dernière (et seule !) occurrence similaire remonte à janvier 2011. On est tout de même en droit d’affirmer que janvier 2017 aura été encore moins « actif » que janvier 2011, puisqu’à l’époque une (brève) dépression tropicale et une perturbation tropicale avaient été suivies au cours du mois...
Cette pénurie de phénomène cyclonique s’explique en grande partie par l’installation, depuis le printemps austral, de conditions anormalement et durablement stables et sèches sur une grande partie de l’océan Indien tropical Sud, incluant le lieu privilégié de formation des phénomènes cycloniques.
Une oscillation marquée du Dipôle Subtropical de l’Océan Indien (DSOI ou SIOD en acronyme anglais) atteignant actuellement son pic d’intensité, apparaît comme le facteur à incriminer le plus probable pour expliquer au moins en partie une telle situation.
Pour la suite de la saison, l’activité cyclonique pourrait s’exprimer un peu plus, les éléments de prévision disponibles ne permettent pas d’envisager un renversement de tendance radical et l’activité globale de cette seconde partie de saison devrait rester inférieure à la normale (le trimestre février-avril voit habituellement 5 à 6 phénomènes cycloniques atteignant au moins le stade de tempête tropicale, se développer sur le Sud-Ouest de l’océan Indien).
Les probabilités de connaître au final une saison 2016-2017 d’activité inférieure à la normale sont significativement augmentées : estimées à 60% en début de saison, celles-ci sont maintenant révisées à 90%, tandis que la possibilité de connaître une saison plus active que la normale apparaît désormais écartée. On rappelle qu’une saison à l’activité inférieure à la normale correspond à une saison ayant un nombre total de tempêtes et cyclones inférieur à 8 (saison que l’on rencontre en moyenne une fois tous les 4 ans)
Météo France rappelle qu’il suffit d’un seul système pour connaître un impact pouvant être catastrophique, même une saison peu active peut être source de dégâts majeurs.
Pour rappel, en 1998-1999, saison présentant des caractéristiques similaires à la saison courante, le cyclone tropical Davina était venu menacer les Mascareignes entre le 8 et le 10 mars.