L’ordre des sages-femmes organise une formation pour apprendre aux professionnels à prendre en charge des personnes victimes de violences sexuelles. Des hommes et femmes qui ont subi des abus racontent leur calvaire et comment ils ont se sont reconstruits.
À l’âge de 9 ans, Sarah*, a été abusée à plusieurs reprises par un adolescent. À cette époque, elle ne comprend pas ce qui lui arrive et n’ose pas en parler à cause d’un sentiment de honte.
"C’était un adolescent de 14 ans qui jouait avec nous, avec mes frères, ma soeur et moi. Un jour, il a commencé à vouloir m’embrasser. Et puis, les jeux ont commencé à aller de plus en plus loin jusqu’à des attouchements pour finir par plusieurs viols."
Ces abus ont duré jusqu’à ses 15 ans. Elle arrivera ensuite à en parler à sa mère : "Ça a été très très dur. J’ai l’impression que j’ai dû porter les gens qui étaient censés me soutenir pour pas qu’ils s’effondrent à ce moment-là."
"Après mes études, ça a commencé à aller assez mal dans ma vie. J’ai commencé à faire une dépression et j’avais l’impression que si je ne prenais pas soin de moi, que je ne faisais pas les démarches nécessaires pour aller mieux, j’allais mourir."
Il lui faudra cinq ans de thérapie psycho-corporelle pour qu’elle reprenne goût à la vie. Sarah arrive aujourd’hui à ne plus avoir peur des hommes et avoir une sexualité beaucoup plus apaisée.
"Un viol, c’est très grave. Même si les victimes ne veulent pas dénoncer leur agresseur, il est très important qu’elles fassent les démarches nécessaires pour se réparer", conclut Sarah.
"C’est jamais simple parce qu’il y a une perte d’estime de soi et perte de confiance vis-à-vis de l’homme. On peut aussi développer des phobies", explique Gladys Laravine, sage femme et vice-présidente de l’ordre des sages femmes de La Réunion.
Les chiffres indiquent que les violences sexuelles touchent un homme sur six et une femme sur quatre.
"On a des chiffres données par la police et la gendarmerie qui sont extrêmement minimes par rapport à la réalité. Sur la planète entière, les violences sexuelles ne sont pas qu’une violence faite aux femmes par des hommes mais c’est avant tout une violence faite aux enfants - garçons et filles - par des hommes et par des femmes", précise Violaine Guérin, médecin endocrinologue et gynécologue médical, présidente de l’association Stop aux violences sexuelles.
* Prénom d’emprunt