Depuis le décès accidentel de Sudel Fuma le 12 juillet 2014, le célèbre historien et homme politique a laissé son poste vacant. Deux ans après, le président de l’Université de La Réunion, Mohamed Rochdi, a nominé une Nantaise pour le remplacer. Une nomination jugée déplacée par le Crefom, compte tenu de la présence de potentiels remplaçants réunionnais.
Qui va remplacer l’historien et homme politique Sudel Fuma décédé le 12 juillet 2014 ? Une question capitale puisque des échos sont parvenus au Crefom Réunion (Conseil Représentatif des Français d’Outre-Mer) concernant le recrutement sur le poste laissé vacant depuis juillet 2014 par l’éminent spécialiste de l’esclavage et de l’engagisme dans l’océan Indien.
Le 11 mai dernier, dans un courrier adressé à Mohamed Rochdi (président de l’Université de La Réunion), Richel Sacri, le délégué régional du Crefom Réunion a fait part de son désaccord quant au recrutement d’une Nantaise pour ce poste.
Une Nantaise pour remplacer Sudel Fuma ?
Il semblerait que pour son poste, il y ait une imminence quant au recrutement d’une candidate originaire de Nantes. Une remplaçante qui, semble t-il, aurait comme référence en rapport avec le profil du poste, une thèse soutenue en 2010 sur le thème de l’engagisme à La Réunion et dont les travaux pour l’essentiel feraient l’impasse sur l’esclavage.
Cette nomination est jugée déplacée pour Richel Sacri, le délégué régional du Crefom, qui estime que le poste aurait déjà dû être occupé. Il souligne l’"incapacité de l’institution à pourvoir le poste depuis près de deux ans alors que des candidats locaux compétents, docteurs en Histoire, existent et se sont manifestés lors de différents appels à candidatures."
Le Crefom Réunion considère que si ce recrutement parvenait à être validé par le conseil d’administration de l’Université, elle serait perçue comme une véritable insulte à la mémoire de l’historien disparu et comme une provocation à l’adresse de la population locale, compte tenu des travaux effectués par Sudel Fuma.
Richel Sacri estime qu’il "serait sage de laisser la nouvelle gouvernance décider du recrutement sur ce poste" très symbolique pour l’histoire de La Réunion. Les membres du Conseil d’administration de l’Université vont, en effet bientôt être renouvelés.
Des recrutements antérieurs qui ont échoué
En 2015, la procédure de recrutement avait échoué en raison de l’absence de membres du comité de sélection. Cette fois-ci, ce seraient les historiens de l’Université de La Réunion qui auraient refusé de participer, en raison de la méthode retenue pour réaliser le recrutement.
Richel Sacri rappelle d’ailleurs que la mise en place de ce comité de sélection donnait à voir "un recrutement sur commande."
Il semblerait notamment que le recrutement de la Nantaise n’ait pas été conforme aux méthodes habituelles avec un comité de sélection d’une part, différent des propositions faites par les historiens de l’Université de La Réunion et ratifié par le Conseil de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines, et d’autre part, ce même comité de sélection qui n’a pas été impartial, n’a pas fonctionné régulièrement ; ajouté à cela la présence obligatoire de quatre membres physiques qui n’a pas été respectée.
Le délégué régional du Crefom s’interroge notamment sur le parcours scolaire de la potentielle remplaçante du professeur Sudel Fuma : "Comment expliquer que la candidate qui serait retenue n’ait validé aucun concours de l’enseignement après son Master et que sa candidature dans plusieurs universités de l’Hexagone n’ait jamais été retenue ?"
Quoiqu’il en soit, le message : "On veut un historien réunionnais pour remplacer Sudel Fuma" est passé.