C’est un transfert aérien qui se chiffre à plusieurs millions d’euros : des turbines à combustion, alternateurs de l’ancienne Centrale thermique EDF du Port vont être acheminés vers Madagascar.
Des pièces de 60 tonnes voyageront par un vol spécial la semaine prochaine. Sur nos routes, le 3e convoi exceptionnel aura lieu cette nuit.
Cette remorque géante possède un chargement spécial : une turbine à combustion. Mais pas n’importe laquelle. Il y a encore quelques années, elle permettait à EDF d’alimenter les foyers réunionnais en électricité, lors des pics de consommation.
Mais, depuis la fermeture de la centrale du Port Ouest en 2013, cet alternateur n’était plus utilisé. En effet, le matériel a été vendu à une société malgache.
"C’est un matériel qui est en excellent état, qui a au final, très peu fonctionné. Il était là simplement pour sécuriser le système d’alimentation en électricité de l’île. Ces deux turbines permettaient d’alimenter près de 30 000 foyers réunionnais. Mails faut imaginer qu’un foyer à Madagascar consomme beaucoup moins de courant, de l’ordre de deux fois moins. Je pense que l’on peut au moins imaginer qu’ils seront en mesure d’alimenter plus de 60 000 foyers à Madagascar", explique Frédéric Cellier, responsable de la production à EDF Réunion.
Le démontage des ces structures a commencé depuis des mois. Cette semaine, le transfert à l’aéroport de La Réunion Roland Garros a débuté.
Pour limiter au maximum l’impact de ce déplacement exceptionnel, les convois ont lieu à 3 heures du matin.
Ces pièces de 60 tonnes doivent se frayer un chemin. Vu la taille des turbines, le camion ne peut pas passer n’importe où.
"La plus grosse difficulté était au niveau du Pont Vinh-San, où là on roule à 10 km/h avec le camion. Et là où nous nous trouvons il y a de petites difficultés, des obstacles, des câbles. Il faut également faire attention à la circulation en agglomération" précise Nicolas Cheung-Ah-Seung, transporteur.
Une partie de ce qui, dans le jargon, est appelé "colis", est entreposée sur le tarmac de l’aéroport. La semaine prochaine, un avion aura comme mission de les acheminer jusqu’à Tananarive. C’est un Antonov, - un avion de transport gros porteurs- spécialement affrété pour l’occasion, qui s’en chargera.
"Le problème, ce sont les routes à Madagascar. Elles ne sont pas adaptées pour transporter des colis lourds. Notamment les ponts, ne sont généralement pas conçues pour recevoir ce type de transport. C’est la raison pour laquelle cette solution a été choisie par la personne qui s’occupe des transferts entre La Réunion et Madagascar", détaille Sandrine Daubrée, chef de projet post-exploitation à EDF.
Mais le périple ne s’arrête pas là. Une fois arrivés, les colis devront effectuer 30 kilomètres supplémentaires entre l’aéroport malgache et le site où les alternateurs seront installés. Des ponts ont été renforcés pour l’occasion.
Le reste de la cargaison, beaucoup moins lourde, sera acheminée par bateau. Les frais de démontage, transport aérien et maritime, ainsi que le remontage coûteront au total 20 fois plus cher à l’entreprise malgache, que le prix des alternateurs eux-mêmes.