Le 21e rapport annuel de la fondation Abbé Pierre fait état de la précarité économique, du logement et de la santé. À La Réunion, 42% de la population est touchée par la pauvreté ce qui rend très compliqué l’accès ainsi que le maintien d’un logement.
Cette année que ce soit au niveau local ou national, la crise du logement s’aggrave selon le rapport du mal logement paru par la Fondation Abbé Pierre. Au niveau national c’est environ 15 millions de personnes qui sont touchées par cette crise.
À La Réunion, 42% de la population est touchée par la pauvreté ce qui fait environ 243 000 personnes vivant avec moins de 935€/mois. Ce qui représente un niveau de vie très faible mettant en avant des situations très précaires.
"Les chiffres sont difficiles à estimer mais la Fondation abbé Pierre estime qu’au moins 70 000 personnes sont concernés de près ou de loin par le mal-logement comparé au 3.8 millions au niveau national" explique Thierry Hergault, directeur de la Fondation Abbé Pierre.
Selon l’indice Gini, La Réunion est le département le plus inégalitaire. Le taux de chômage est trois fois plus élevé qu’en métropole, la part de la population couverte par le RSA est quatre fois plus importante et celle couverte par la CMU-C est cinq fois plus élevée.
Selon une enquête de la DRJSCS à La Réunion, les personnes vivant chez un tiers représentent 28.5% des personnes. Cependant, 20.3% des personnes recensées vivent à la rue. Ce chiffre s’élève à 35.4% si l’on ne prend en compte que les 4 Boutiques Solidarité de l’île. Le taux de personne vivant dans des squats s’élève à 11.6%.
Mal logement et problèmes de santé
Cette année la Fondation Abbé Pierre à travers son rapport du mal logement à voulu mettre l’accent sur les problèmes de santé et de mal-logement à La Réunion.
À La Réunion, une des causes principales de la dégradation de santé sont les conditions de vie dans la rue ou en squat. Seulement 48% des personnes présentent dans les boutiques Solidarité de l’île déclarent être en bonne ou très bonne santé. Pour l’ensemble de la population ce taux s’élève à 69%.
Une enquête menée par la Fondation Abbé Pierre avec les personnes accueillies dans les Boutiques Solidarité de l’île fait état d’un pourcentage important de personnes atteintes de problèmes médicaux. Ces problèmes sont liés à un manque d’hygiène sévère et un problème d’accès à l’eau.
Il n’y a pas que les problèmes de santé qui sont à déplorés mais également des troubles mentaux et addictifs. Selon le rapport de la Fondation c’est une problématique croissante sur l’île. Cela rend plus complexe l’accès et le maintien des logements. Les résultats d’études récentes placent La Réunion dans les trois régions les plus touchées par la problématiques de l’alcool.
L’habitat indigne
À La Réunion, 60 000 personnes sont concernées par le “phénomène” de l’habitat indigne qui est à l’origine de troubles. Une études de l’Observatoire Régional de Santé de La Réunion indique que trois fois plus de personnes sont atteintes d’asthme à La Réunion comparé à la métropole, surtout les enfants. L’étude met l’accent sur l’humidité comme étant un facteur de risque, 28% des logements diagnostiqués dans le cadre du dispositif SLMIE Réunion présentent des traces d’humidité apparentes.
Ces problèmes de santé sont aussi liés au manque de confort thermique, on estime que plus de 2 750 ménages sont potentiellement en situation de précarité énergétique liée au froid dans les hauts de l’île.
Dans la liste des constats et problématiques liés à la précarité énergétique à La Réunion 52% des foyers visités du SLIME se privent souvent de payer les factures d’énergie. 19.4% des logements ne sont pas équipés en eau chaude sanitaire. 36% souffrent du froid en hiver et 46% souffrent de la chaleur.
Concernant la pauvreté énergétique, 1% des résidences principales sont non-raccordées au réseau électrique, près de 8 400 personnes sont donc concernées.
Tout cela à des répercussions sur le budget des ménages. Sur les 3 dernières années, le nombre de ménage bénéficiaire d’une aide au logement faisant l’objet d’une procédure de traitement d’impayé de loyer a augmenté de 71%.
Le décalage entre le coût des loyers et la capacité financière des ménages pourrait accroître dans les années à venir.
Thierry Hergault confie : "Situation alarmante car c’est de plus en plus complexe. Ce qu’on souhaiterai c’est que les moyens financiers de plusieurs acteurs de l’île s’additionnent pour pouvoir répondre ensemble sur les mêmes problématiques."
Aujourd’hui, les acteurs vont se retrouver au multiplex de Sainte-Marie pour une rencontre entre les acteurs du logement et ceux de la santé, du médico-social et du sanitaire. Ces derniers vont essayer de travailler sur l’émergence de nouvelles pratiques.