Face à la volonté de la ministre de la Santé de mettre un terme aux veillées funéraires par mesure de prévention sanitaire, l’association des maires de La Réunion a interpellé le Premier ministre en lui adressant un courrier.
La fin des veillées mortuaires à La Réunion, bientôt une réalité ? C’est en tout cas la volonté exprimée par Marisol Touraine. La ministre de la Santé "veut suivre à la lettre les recommandations du Haut conseil de la santé publique (HCSP) et de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas)", déplore l’Association des maires du Département de La Réunion (AMDR).
Dans le courrier adressé à Manuel Valls, l’AMDR souhaite sensibiliser le Premier ministre au fait que la veillée funèbre ou veillée mortuaire "est une tradition qui s’est perpétrée localement au fil des générations".
Les maires demandent qu’une dérogation soit mise en place pour l’Outre-mer, "par le biais d’un amendement gouvernemental ou parlementaire".
Retrouvez en intégralité, la lettre de l’AMDR adressée au Premier ministre :
"Monsieur le Premier Ministre,
Un gros émoi est né à La Réunion, Département de l’Océan Indien, suite à la volonté de Madame la Ministre de la Santé de mettre fin aux veillées mortuaires par mesure de prévention sanitaire.
Alors même que la loi prévoit déjà toutes les mesures nécessaires dès le constat de décès par la famille, la certification par les médecins et l’inhumation, Madame la Ministre de la Santé veut suivre à la lettre les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique [HCSP) et de
l’Inspection Générale des Affaires Sociales [IGAS) qui, consultés en 2012 et 2013, se sont prononcés pour la levée de l’interdiction de la thanatopraxie concernant les défunts porteurs du VIH mais ont aussi demandé que la thanatopraxie soit, pour une meilleure gestion du risque. uniquement réalisée dans des lieux dédiés, les chambres mortuaires ou funéraires.
Or, la veillée funèbre, encore appelée veillée mortuaire, est une tradition qui s’est perpétuée localement au fil des générations, Originellement, veiller la dépouille d’un défunt est un acte constitué d’un fondement spirituel. Toutes les religions, mono ou polythéistes, pratiquées à La Réunion sont attachées à ce rituel incontournable où familles, amis et connaissances peuvent se recueillir sur le défunt et présenter leurs amitiés aux proches de ce dernier.
De plus, veiller un défunt avant son départ (ses funérailles] n’est pas simplement une exigence traditionnelle ou religieuse, c’est aussi dans la majorité des cas pour les citoyens ultramarins installés dans l’hexagone la possibilité de prendre leurs dispositions, dans les quarante-huit heures maximum, pour se rendre dans leur île et assister aux funérailles d’un proche (parents, grands-parents, enfants, frères et soeurs ou proche aimé].
Ce sont toutes ces raisons qui me poussent à vous interpeller, au nom de tous les maires de La Réunion, afin qu’une disposition dérogatoire soit clairement inscrite au bénéfice des outre-mer, par le biais d’un amendement gouvernemental ou parlementaire.
Comptant vivement sur votre compréhension et votre sensibilité, je vous prie d’agréer,
Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Le Président de l’AMDR,
Stéphane Fouassin"