L’IEDOM a réalisé une enquête portant sur l’argent liquide et les Réunionnais. La monnaie fiduciaire (billets de banque) reste le moyen de paiement le plus utilisé en volume de transaction. Par coupure, La Réunion se distingue, par une prédominance du billet de 50 euros.
Selon l’IEDOM, La Réunion se caractérise par une activité fiduciaire (billets de banque) particulièrement dynamique et des conditions d’utilisation spécifiques qui reflètent différentes caractéristiques de l’économie et de la société : " poids de l’économie informelle, nombre d’allocataires sociaux et chômeurs, comportements de thésaurisation, taux d’illettrisme au sein de la population ou bien encore environnement géographique".
Spécificités de l’utilisation des espèces à La Réunion
A La Réunion, l’IEDOM constate une forte présence de l’argent liquide et des coupures de montants élevés.
Pour plus de précision : "l’émission nette cumulée par habitant s’élève à plus de 4 200 euros à La Réunion à fin décembre 2014, soit bien au-dessus de la moyenne européenne (2 800 euros par habitant) et de celle de la France (1 635 euros par habitant). Elle est également
supérieure à tous les autres DOM (autour de 2 500 euros par habitant à la Martinique et à la Guadeloupe, 3 900 euros à Mayotte), à l’exception de la Guyane (plus de 12 500 euros par habitant)".
L’analyse des émissions nettes rapportées au PIB en valeur aboutit au même constat, avec un niveau des émissions nettes cumulées comparativement plus élevé à La Réunion, autour de 20 % du PIB contre environ 5 % en France entière, 12 % aux Antilles (81 % en Guyane).
Le montant moyen retiré dans les DAB (Distributeur Automatique de Billets) est également plus élevé
"Il s’établit à 118 euros en 2014, contre 80 euros en France entière et ne cesse de progresser (90 euros en 2000). En revanche, l’écart avec la France tend à se réduire (41 % en 2014 contre 52 % en 2000)".
Par coupure, La Réunion se distingue là aussi, par une prédominance du billet de 50 euros (54 % des coupures et 48 % de la circulation en valeur), "bien au-delà de l’Eurosystème et de la France entière où cette coupure ne représente que le tiers de la valeur totale des billets en circulation, soit respectivement 43 % et 17 % des volumes".
Cette spécificité s’explique vraisemblablement par le fait que "cette coupure alimente davantage les DAB réunionnais et par son utilisation à la fois comme monnaie de transaction et de thésaurisation".
Autre particularité à La Réunion : le billet de 5 euros est faiblement représenté en volume comme en valeur, ce qui peut paraître paradoxal au regard de son utilité comme monnaie de transaction, et ce, d’autant plus dans une économie à faible revenu moyen par habitant. En contraste, l’importance du billet de 100 euros est notable, avec 18 % des coupures en circulation (31 % en valeur), alors qu’il ne représentait que 5,4 % des billets mis en circulation au lancement de l’euro.
A La Réunion, le billet de 20 euros, qui était prédominant en 2002 (40 % des coupures), ne représente plus que 15 % des émissions nettes cumulées.
A contrario : "la France entière se caractérise au contraire par une forte prédominance du billet de 20 euros, avec 49 % des émissions nettes françaises en valeur en 2014 contre seulement 6,4 % de la circulation fiduciaire de l’Eurosystème et 5,5 % à La Réunion".
L’émission nette cumulée de la France du billet de 20 euros capte ainsi
82 % du nombre de billets en circulation dans l’Eurosysteme.
Une forte demande d’espèces liée à des spécificités économiques et sociales
"A 57 euros, le « billet moyen » à La Réunion est relativement élevé" souligne l’IEDOM.
"Ce montant est bien supérieur à celui de la France entière (26 euros) et contraste avec le niveau de vie du département, environ 30 % inférieur selon le différentiel de PIB par habitant. Cette caractéristique, commune aux autres DOM (valeur moyenne du billet autour de 50 euros), semble traduire une utilisation courante des coupures à montants élevés à des fins de thésaurisation et pour le règlement de certaines transactions formelles et probablement informelles".
Au regard de différents aspects sociaux et économiques, l’IEDOM insiste sur le fait que "La Réunion se trouve toujours dans une phase de mutation et de rattrapage qui laisse au règlement en « cash » une vertu de facilité, d’accessibilité et de gratuité".
Ainsi, "le taux de couverture Internet et d’équipement informatique des ménages (plus faible et plus récent) ou encore le retard de l’alphabétisation de la population (la proportion de la population réunionnaise illettrée est estimée à 22,6 % pour les 16-65 ans contre 7,0 % en métropole, source Insee 2011) influencent naturellement l’accès et l’utilisation des différents moyens de paiement".
Mutation et enjeux pour les acteurs économiques
Pour La Réunion, "la décomposition exhaustive par instrument n’est pas disponible. Néanmoins, les données collectées auprès des principales
banques confirment que la bancarisation de l’économie bouleverse les habitudes de paiement des Réunionnais, même si le chèque et
l’argent liquide restent très présents".
Toujours selon l’IEDOM : en 2000, plus de 57 % des paiements (hors espèces) en volume et 86 % en valeur étaient réalisés par chèque, le solde l’étant par CB. Presque 15 ans après, les prélèvements et virements ont pris de l’importance, notamment en valeur.
"Le chèque serait encore prédominant, mais la carte bleue enregistre une croissance soutenue. En 2014, le nombre de paiements par carte bancaire a progressé de 7,3 %, pour un montant cumulé de paiements de 3,0 milliards d’euros. Le nombre de terminaux de paiement électronique est en forte hausse (+12,4 % en 2014 à 14 113 unités)".
Le montant moyen d’un paiement par carte s’établit à 51,5 euros, soit
un montant relativement proche de celui de la France (46,8 euros selon le Groupement des Cartes Bancaires).