Si les femmes victimes de violences conjugales sortent difficilement du silence, leurs bourreaux restent bien souvent dans l’ombre. Mais certains repentis, qui réalisent la gravité de leur geste, s’expliquent. C’est le cas d’un Dionysien qui a souhaité témoigner.
S’il est à présent divorcé, ce repenti confie avoir porté des coups à son ex-compagne. La première femme sur laquelle il a levé la main. Sous l’emprise de l’alcool et du zamal, un soir de dispute, il perd ses moyens. "Je lui ai posé beaucoup de questions, je lui ai dit qu’il fallait qu’on parle, je n’ai jamais eu de réponse". Et c’est ce silence qui plonge le Dionysien dans une colère noire.
"J’ai pété les plombs, je suis allé dans la salle de bains, j’ai pris une serviette mouillée et je l’ai tabassée", raconte-t-il sans détour. Selon l’ancien compagnon violent, sa colère prend racine dans son enfance. Il évoque notamment un père sévère.
Ce bourreau reconnaît avec regret cet "acte de violence" qui a causé son divorce. Avec le recul, il décrypte la montée de la violence : "Le gars, il va à la boutique, il prend trois rhums avec ses copains, et après il rentre à la maison, c’est là qu’il profite pour déverser sa bile".
Le cas de l’ex-épouse du quinquagénaire n’est pas isolé. 15% des femmes sont victimes de violences conjugales à La Réunion. Dans l’Hexagone, le chiffre s’élève à 9%.
Depuis décembre 2013, l’île est le premier département à avoir mis en place un Observatoire dédié à ces violences, l’ORViFF (observatoire réunionnais des violences faites aux femmes). A travers des concertations entre les différents partenaires associatifs, judiciaires, politiques ou sociaux, l’objectif est de cibler les problématiques locales afin de mettre en place des dispositifs de lutte plus efficaces. Les différents acteurs se rencontrent cette semaine afin d’échanger et dresser un état des lieux.
"C’est un vrai problème de société et il faut que nous soyons unis", commente Monique Orphé. Pour la députée, la mission de l’observatoire et de permettre la réalisation d’actions pour "peut-être pas éradiquer mais faire avancer ce fléau qui mine encore trop de femmes à La Réunion".
En 2012, près de 1 600 plaintes ont été déposées par des femmes victimes de violences, soit 4 plaintes par jour. Un chiffre qui reste en augmentation. L’an dernier, ce sont en moyenne 5 plaintes par jour qui ont été enregistrées par les forces de l’ordre.
Avec la mise en place de l’Observatoire, une vingtaine d’associations - qui œuvrent pour une même cause mais qui ne se connaissent pas forcément - sont amenées à se mobiliser dans la lutte contre les violences conjugales.
Les priorités à travers l’Observatoire : l’organisation de l’action publique, la protection des victimes et la mobilisation de l’ensemble de la société.