Comme en Métropole le constat dans les Ehpad de La Réunion est alarmant : manque de place, de personnel... Les équipes soignantes et les bénéficiaires sont les premiers à en souffrir. Ils souhaitent sensibiliser les politiques sur la question de la prise en charge, dans une île où la population est amenée de plus en plus à vieillir.
Les résidents de la maison de retraite n’en manquent pas, encore faut-il arriver à l’heure. "Il manque beaucoup de personnel. C’est pour ça qu’on arrive en retard aux activités, à la messe, etc. ça nous gêne". Odile a 81 ans. Elle a travaillé dans un hôpital et a vite compris quel était le problème dans l’établissement. "Ils ne restent pas longtemps avec nous. Ils font vite leur travail et sont fatigués le soir."
"Pour l’Asfa nous avons un ratio pour nos Ehpad de 0,47, soit moins que 0,6 qui est la moyenne nationale et en dessous du ratio de La Réunion", confie Jacques Leroy, directeur du Pôle médico-social personnes âgées pour l’association Saint-François d’Assise.
Un constat alarmant, qui pèse tant sur les conditions de travail du personnel soignant que des conditions de vie des gramounes.
"Nous sommes obligés de faire un moins bon accompagnement au niveau social. Les professionnels sont en charge de travail assez lourde. C’est vraiment usant pour ces salariés que cet accompagnement quotidien", poursuit le directeur.
Lucie Folio, infirmière à l’Ephad Saint-François d’Assise, de confier son quotidien.
"À ce jour, nous rencontrons des difficultés, notamment en terme d’effectif. À l’étage, on s’occupe de 33 résidents et ils sont de plus en plus dépendants et grabataires, cela prend du temps. Il y a trois soignants pour faire tous les bains, tous les accompagnement à la douche. Des fois on fait le minimum car on n’a pas le temps, il faut finir à une certaine heure, après il y a les pansements, tout ça."
"C’est dur, physique, il faut courir, et à côté de ça il y a les exigences des familles, qui veulent que les personnes soient propres, que les ongles soient coupés, etc. Il y a des choses que l’on ne voit pas de l’extérieur, on essaye de faire face tous les jours mais ce n’est pas évident."
Le directeur du Pôle médico-social de comparer avec les moyens mis en place par l’État pour les personnes en situation de handicap. "En moyenne au niveau national, nous avons une personne salariée pour une personne en situation de handicap. Alors que pour le secteur des personnes âgées, on souhaiterait en avoir autant, car les besoins et les droits sont les mêmes."
"Aujourd’hui, l’accompagnement humain des personnes âgées n’est pas ce que l’on devrait leur proposer. Nous sommes dans une société qui oublie qu’une personne âgée est une personne comme tout le monde. Il faut que l’on se réveille et se mobilise tous."