Didier Derand monte de nouveau au créneau pour défendre les requins et la réserve marine. Il repart pour une traversée entre l’Ermitage et la plage des Roches Noires ce dimanche. Carte blanche.
Défense des requins et de la réserve marine : il y a urgence !
Comme chaque fois après un accident d’un surfeur avec un requin, tout est remis en question sous la pression des habituels vengeurs de la Planète Surf, des pêcheurs et des braconniers (prêts à tout pour faire disparaître la réserve marine), et des politiciens avides de pouvoir pour lesquels le moindre bulletin de vote justifie n’importe quel mensonge (nous sommes à un an des prochaines municipales).
Suite à l’accident mortel du mercredi 8 mai devant la plage des Brisants, on se retrouve désormais face à une situation complètement absurde où, notamment :
1) l’Etat et la commune de Saint-Paul vont mettre en place très rapidement des dispositifs de pêche aux requins (drum-lines) dans la baie de Saint-Paul, pour un coût avancé de 60 000 euros. C’est paraît-il un premier "test". Au fait, la presse d’hier rapporte que 1,8 millions d’euros ont déjà été dépensés dans ce dossier, rien que par l’Etat….
Mais tuer des requins dans cette zone, pour quoi faire (?) :
- personne ne se baigne à Saint-Paul : trop trouble, trop pollué,…
- surfeurs et pêcheurs ont toujours accusé la ferme à poissons de la baie - récemment mise en liquidation - d’avoir attiré les requins et d’être à l’origine des accidents mortels qui se sont produits notamment à Boucan, la plage la plus proche,
- pourtant on va attirer des requins dans la baie avec des dispositif permanents, des appâts permanents, nonobstant le fait que les gros requins vont se nourrir de ceux pris à l’hameçon et trouveront donc sur place un garde-manger permanent….
- et on nous dira après ça que les surfeurs de Boucan seront effectivement en sécurité. Mais de qui se moque-t-on ?!
2) un pêcheur professionnel comme Thierry GAZZO, visiblement fort marri de n’avoir
pu siphonner plus de 100 000 euros de l’argent du contribuable qu’il réclamait pour
aller pêcher les requins à la palangre au large des côtes réunionnaises, nous fait un gros "caca nerveux" et annonce dans la presse qu’il lance sa propre pêche avec l’argent paraît-il de financeurs privés, afin dit-il de « repousser les tigres au large » et de « revenir à la Réunion d’il y a 20 ans »….Les Dents de la Mer, version IV….
3) les surfeurs d’une façon générale, et les cadres de la fédération française de surf en particulier - MM. ARRASUS et BOULANGER - diffusent systématiquement une propagande mensongère visant à terroriser la population, sur le mode : « Les prochains sur la liste, ce seront les baigneurs ».
Evidemment, pour faire pression sur les autorités, 900 000 habitants, c’est quand même plus commode et plus efficace que 200 ou 300 surfeurs, même menaçants…..
Je me demande d’ailleurs jusqu’à quel point ils n’en sont pas à faire monter la sauce quitte à couler le tourisme, en faisant croire en métropole que tous ceux qui viendront en vacances à la Réunion vont forcément courir un risque de mort violente.
De mon point de vue, ce sont là des méthodes foncièrement malhonnêtes : des méthodes de….requins.
4) un député, maire, officier de police judiciaire, en l’occurrence M. Thierry ROBERT, député-maire de Saint-Leu, se permet de violer ouvertement les lois de la République, d’envoyer ballader le préfet en lui signifiant « Si vous n’êtes pas content, z’avez qu’à m’attaquer au tribunal administratif ! », et d’organiser un massacre de requins dans la réserve nationale marine, y compris dans les zones de protection intégrale !
Nonobstant le fait que le contribuable de Saint-Leu va payer 7 euros le kilo de requin, soit près de 2000 euros la bestiole, pour 50 requins qu’on va de toute façon flanquer à la poubelle, soit 100 000 euros jetés par les fenêtres !
Evidemment ce n’est pas ledit député qui paiera l’addition, bien qu’il ait jugé indispensable récemment d’aller clamer sur les télés nationales que lui, dans le contexte économique actuel, il émargeait à 90 000 euros par mois, alors que certaines communes de l’île émargent, elles, à plus de 50% de chômage, et que nombre de réunionnais ne peuvent même plus payer leur loyer, voire manger à leur faim !
Comme on dit chez nous, c’est pas un couillon, not’ brave député-maire !
Aussi, après ce bref tour d’horizon, je vous confirme qu’effectivement la situation absurde qui prévaut actuellement à la Réunion autour du fameux "problème" requins commence sérieusement à me "chauffer les oreilles".
C’est pourquoi, devant le massacre imbécile qui se prépare à brève échéance, je ne peux faire autrement que de réagir.
En attendant d’autre développements à venir, je vous annonce par conséquent que :
1) j’ai commencé depuis hier soir à contacter les ONG nationales de protection de l’environnement, avant de passer ensuite si nécessaire au niveau international, afin de solliciter leur soutien ;
2) je compte, avec mon avocat Me Erwan LE CORNEC, du Barreau de Quimper, déposer rapidement un recours au tribunal administratif contre l’arrêté "chasse aux requins" du maire de Saint-Leu.
Nous ne serons d’ailleurs pas les seuls, puisqu’un autre recours est en principe déposé ce jour par Sea Shepherd, l’ASPAS et Longitude 181, trois ONG de métropole ;
3) je suis entré en contact avec une société bretonne, Tecknisolar, qui commercialise des dispositifs individuels de protection anti-requins afin de leur proposer ma collaboration en tant que "cobaye" et de tester leurs dispositifs à la Réunion (voir échange de mails et documentation en PJ) : venue probable en septembre ;
4) je ferai à nouveau une traversée en mer ce dimanche dans l’ouest pour insister à nouveau sur trois points essentiels à mes yeux en tant que pratiquant de la pleine mer depuis 45 ans à la Réunion (plongeur, nageur, body-surfeur) :
- seuls les surfeurs avec planche courent un risque réel (ni les baigneurs, ni les nageurs, ni les plongeurs, ni les body-surfeurs,….),
- ce risque est lié à mon sens à la confusion que fait le prédateur entre un surfeur sur sa planche et une tortue marine en train de respirer à la surface : c’est, fondamentalement, une ERREUR du prédateur,
- les requins sont très peu nombreux à la Réunion, ils sont très farouches, et ils ont le plus souvent une peur panique de l’homme (ils ont bien raison, vu la façon dont on les traite).
Pour ce qui est de ma traversée de ce dimanche 19 mai :
- trajet : Passe de l’Hermitage - Plage des Roches Noires (5km400),
- départ à 10h00 de la Passe de l’Hermitage (RV près du poste MNS vers 9h30),
- arrivée prévue en principe 2h30 plus tard si pas de courant contraire,
- obligation de contourner la zone de réserve intégrale des Trois Chameaux vers le large, ce qui rallonge mon parcours initial de 1 km environ et me fera passer inévitablement sur des fonds de 30-35m,
- passage devant la zone des Brisants où a eu lieu l’accident du 8 mai,
- à priori la météo est bonne, et les vagues sont minimes.
Comme d’habitude, aucune sécurité en mer : je nagerai seul et sans assistance.
Si certains veulent se joindre à moi, aucun problème.
Je lance en particulier un invitation cordiale à tous les surfeurs, aux cadres de la fédération de surf, au député-maire de Saint-Leu, et à tous ceux qui, d’une façon générale, parlent pour ne rien dire et prétendent encore que les eaux réunionnaises sont truffées de requins et que la réserve marine est un garde-manger pour lesdits requins.
Ayez l’honnêteté de mettre un masque et de venir voir par vous-mêmes ce qu’il en est.
Mais évidemment, au lieu de se contenter de parler, il faudrait déjà avoir le courage d’agir et de se remettre en question…
.
Si vous venez, sachez cependant que les conditions seront toujours les mêmes :
- pas d’organisation, pas d’organisateur, aucune sécurité,
- chacun est adulte, chacun prend ses risques, chacun s’assume,
- en cas d’accident, vous êtes seul responsable.
En conclusion, je dirai que si les requins sont malheureusement en voie de disparition partout dans le monde, la bêtise humaine, elle, a encore de beaux jours devant elle...
Didier DERAND
Délégué de la Fondation Brigitte BARDOT
Ordre National du Mérite au Titre de l’Environnementu