Pointé du doigt dans une enquête réalisée par le collectif "Regards citoyens" comme étant le député le plus sanctionné en raison de ses absences en commission parlementaire à l’Assemblée Nationale, Patrick Balkany répond par voie de communiqué afin de protester. Mercredi 3 août, le député des Hauts-de-Seine est donc sorti de son silence pour contester les dires du collectif "Regards citoyens" en dénonçant un "une annonce scandaleuse" non vérifiée.
Voici la réaction en intégralité de Patrick Balkany :
"Un "collectif", entité particulièrement vague et opaque, s’autoproclame sur Internet garant de la démocratie. A ce titre, il se permet de "noter" les parlementaires, représentants élus du peuple, avec un classement de leur prétendu absentéisme, le mercredi matin, à la Commission à laquelle ils appartiennent, celle des Affaires étrangères en ce qui me concerne.
Sans aucune vérification de quelque sorte que ce soit, ni auprès de moi ni auprès des services de l’Assemblée nationale, ces anonymes affirment donc sur le Net, ce qui est aussitôt repris par des médias en mal de "scoops" pendant l’été, que j’ai détenu le record d’absentéisme en cette année 2011 et que j’aurais donc été lourdement sanctionné financièrement par les services de l’Assemblée.
Un simple appel de vérification aurait permis à ces courageux délateurs de savoir pourquoi j’ai effectivement été contraint, pendant de longues semaines, de ne pas assister à cette Commission et à certaines séances publiques.
En effet, j’ai été victime de très violentes douleurs au dos depuis fin 2010. Les médecins, ont diagnostiqué un ostéoblastome, une tumeur bénigne ayant irréparablement endommagé une vertèbre.
J’ai donc subi, début mai, dans un service spécialisé, une très lourde et longue opération consistant à supprimer la vertèbre endommagée et à consolider les vertèbres inférieures et supérieures avec un appareillage de vis et de tiges en titane.
Grâce au talent et à la compétence des chirurgiens, cette intervention s’est bien déroulée et je poursuis une convalescence encore fort douloureuse et bien trop longue à mon goût.
Bien évidemment, dès que le diagnostic et ses conséquences m’ont été signifiés par le corps médical, j’en ai aussitôt avisé le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui, médecin lui-même, a évalué aussitôt les difficultés que je rencontrais et qui, très amicalement, comme le Président de la Commission des Affaires étrangères et nombre de mes collègues, a régulièrement pris de mes nouvelles. L’annonce faite sans aucune vérification par ce site Internet est donc scandaleuse. Mais, au-delà de mon cas personnel, cette démarche, aussi bien par la forme que par le fond, nuit gravement à la démocratie.
Le travail parlementaire est complexe et très prenant. L’Assemblée est évidemment d’abord le cadre du vote des lois en séance publique. Elle est aussi celui, chaque semaine, des questions au gouvernement. Pour ce faire, d’innombrables réunions ont lieu, de préparation des textes et de multiples amendements défendus ensuite.
Par ailleurs, chaque député appartient obligatoirement à une Commission statutaire qui, comme celle des Affaires étrangères, entraîne des représentations extérieures ou la réception de délégations étrangères.
Dans le même temps, les députés se doivent de répondre à de très nombreuses sollicitations de leurs démarches auprès des ministères ou des organismes concernés. Enfin, un député se doit d’être présent, auprès de ses administrés, sur le terrain, dans sa circonscription.
Ce travail difficile mais passionnant, mes collègues, de tous les partis, comme moi-même, l’accomplissons avec ardeur et dévouement.
Le "classement" élaboré, sans aucun objectif de vérification, on l’a vu dans mon cas, par un "collectif" ne présentant aucune garantie de fiabilité, est donc sans aucun fondement. Il révèle même une totale absence de connaissance du fonctionnement de l’Assemblée nationale.
Pointer la présence ou non des députés, comme celle des enfants à la maternelle, à une Commission qui n’est qu’un aspect du travail parlementaire, relève de l’enfantillage.
Elle peut même induire des aberrations, puisqu’à la suite de cet article, j’ai pu lire que les députés absents en Commission n’avait qu’à se faire représenter par leurs suppléant ! Or, Messieurs les donneurs de leçons, sachez qu’un suppléant ne peut remplacer un député que lorsqu’il est nommé ministre… ou lorsqu’il décède !
En conclusion, ces attaques contre les parlementaires sont fausses, injustes et, surtout, nuisent à la France, par ailleurs peu avare de leçons de démocratie aux pays du monde entier".
Patrick Balkany, député des Hauts-de-Seine.