-Delphine Nau, quelle a été la méthodologie employée pour recueillir ces données ?
Ce n’est pas une étude qui se veut scientifique. Ce sont des données que nous avons obtenues auprès du public qui vient consulter chez nous.
Nous avons interrogé une cinquantaine de personnes qui en fait, ont rempli un questionnaire. Nous avons essayé de mieux comprendre les conditions de vie de ceux qui vivent du sexe. Nous avons tenté de cerner leurs conditions d’activité.
-Où avez-vous rencontré ces personnes ? dans la rue ?
En majorité, nous avons pu les approcher par le biais de nos consultations au sein même de l’ARPS.
Ce type de public vient généralement prendre du matériels de protection chez nous, comme des préservatifs.
Nous avons pu également avoir des entretiens de prévention grâce aux animateurs de l’association. Certaines femmes sont venues nous voir, pour prendre connaissance de leurs droits
-Quelle a été la durée de votre enquête ?
Le questionnaire a été rempli sur une durée d’une année à peu près. Une cinquantaine de personnes femmes et hommes confondus ont répondu à nos questions. Nous avons donc pu dresser un bref état des lieux de leurs conditions de travail et de leur lieu de vie.
-Quels sont vos résultats collectés ?
Nous avons pu dresser un profil de cette partie de notre public qui vient à l’Arps. La moyenne d’âge des personnes que nous avons pu rencontrer et que l’on retrouve dans le secteur du sexe, est de 35 ans.
Il s’agit aussi majoritairement de femmes qui sont d’origines étrangères. Il y a 85% de Malgaches.
Concernant leur rapport avec la prostitution, on a essayé de voir comment elles se positionnaient par rapport à leur « métier ». Plus de la moitié d’entre elles, se sent libre d’arrêter quand elles le veulent. Paradoxalement, elles disent cependant qu’elles ne peuvent pour l’instant pas s’arrêter du jour au lendemain pour des raisons financières, ou pour d’autres raisons extérieures.
Ces femmes sont aussi soucieuses de leur état de santé. Elles ont un grand souci de leur corps. Elles veulent se protéger. Du moins elles affirment vouloir préserver leur santé. Elles avouent faire régulièrement un dépistage, que ce soit pour le VIH ou pour d’autres MST.
Concernant leurs conditions d’exercice, 80% reconnaissent qu’il s’agit d’une activité difficile et fatigante. Beaucoup évoquent un climat de violence sur les lieux de prostitution... Il est de plus en plus dangereux pour elle d’exercer leur métier.
-Vous parlez dans votre étude de droits de la femme prostituée. Ont-elles connaissance de leurs droits ?
Vous savez ces femmes n’ont pas de droits spécifiques qui sont directement liés à leur activité de prostitution. Vous savez bien que leur activité sexuelle n’est pas reconnue. En fait elles ont les mêmes droits que tout un chacun...