Sofia et Sabeira Issabhay seront fixées sur leur sort, ce vendredi. La justice leur reproche d’avoir frappé leur sœur Mariame malade et décédée fin décembre 2016. Lors de cette première journée, à la cour d’assises les proches de la famille sont restés discrets, ne voulant pas trop se confier sur leur histoire.
Sofia et Sabeaira Isshabay, assises l’une à côté de l’autre dans la salle de la cour d’assises, comparaissent libres. En fin d’audience, ce lundi, elles cherchent à rester discrètes, à l’image de leur existence, en vivant loin des regards dans l’immeuble familial, situé au 38 rue Alexis Villeneuve, à Saint-Benoît. Se tournant vers leur avocat, comme cherchant la marche à suivre, elles semblent désemparées. Un policier leur fait signe, montrant une porte de sortie pour éviter les caméras et la presse. Le deux petites sexagénaires, comme pour être plus fortes dans cette épreuve sont inséparables.
Jugées pour des violences ayant entrainé la mort sans intention la donner, elles encourent 15 ans de réclusion criminelle. Fin décembre 2016, Mariame Isshabay, leur soeur, souffrant de crises d’hystérie, d’après les accusées avait été retrouvée morte dans l’immeuble familial, situé au 38 rue Alexis Villeneuve. Le médecin déposait un obstacle médico-légal et l’autopsie relevait de nombreux hématomes. Ce lundi, les deux sœurs ont reconnu avoir donné des coups. Le seul remède, selon elles, pour faire revenir à la raison la victime dont elles s’occupent jour et nuit, depuis son retour à Saint-Benoît, après son divorce.
Derrière ce drame familial, se cache un lourd secret. Tellement pesant, qu’il est vite apparu dans les débats. Un à un, les témoins, des membres de la famille Isshabaye, comme écrasés par le poids d’un non-dit, ont répondu simplement, sans rentrer dans les détails.
Durant 23 ans, les deux mêmes sœurs ont prié et veillé sur le corps de leur tante, Zoubeda, dans une chambre plongée dans la pénombre et où l’odeur d’encens indien domine. Zoubeda aussi était malade et était revenue dans l’immeuble jaune. Les maladies psychologiques ne se soignent pas à l’hôpital chez les Isshabay. Plusieurs membres de la famille souffrent, encore aujourd’hui de dépression.
Décrite comme une famille renfermée sur elle-même, les réponses et les soins sont cherchés dans la religion et des croyances mystiques. En l’occurrence, un gourou indien leur a promis la résurrection de leur tante. Durant 23 ans, pour des raisons que la science ignore - le parquet n’ayant pas voulu pousser les investigations - le corps est resté en l’état d’une momie. "Une histoire très étonnante", avance la présidente Virginie Bellouard-Zand. "On n’est pas là pour juger cela", ajoute-t-elle. Immédiatement, elle est reprise par le bâtonnier Georges-André Hoarau, avocat de Sofia Isshabay. "Mais ça a existé", rétorque-t-il.
Le frère des accusés a reconnu que les deux sœurs "s’étaient sacrifiées" et qu’il préférait "fuir les problèmes". "Jamais on aurait pu penser que ces deux soeurs-là auraient pu faire du mal à un membre de leur famille. Quand un de leur frère vient dire à la barre, elles se sont sacrifiées pour nous, il y a beaucoup d’interrogations", souligne Me Normane Omarjee, l’avocat de Sabeira Isshabay.
Demain, les déclarations du médécin légiste sont attendues. Une expertise capitale. Car, selon la défense, il est difficile d’imputer la mort de la victime aux coups donnés par les accusées.
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