"Monsieur Bernard" déjà condamné devant le tribunal correctionnel pour avoir tiré des avantages financiers de ses fidèles sera jugé devant les Assises pour viols et abus sexuels. Sa compagne est aussi poursuivie. Un témoignage exclusif d’une accusée a été accordé à Antenne Réunion avant le début du procès.
Une nouvelle session de la Cour d’Assises s’ouvre cette semaine à Saint-Denis. "Monsieur Bernard" est jugé pour viols, abus sexuels et abus de faiblesse sur près d’une dizaine de personnes. Il avait déjà été condamné l’année dernière pour abus et extorsions devant le tribunal correctionnel.
Sa compagne qui avait aussi écopé d’une peine pour recel de biens l’année dernière se trouve à nouveau dans le box des accusés cette semaine. Elle est poursuivie pour des faits de violences habituelles sur personnes vulnérables.
Les victimes sont principalement des femmes et des enfants.
L’homme âgé d’une quarantaine d’années aurait exercé son emprise sur une dizaine de personnes pendant environ une décennie.
"Monsieur Bernard" était considéré comme un leader spirituel et se présentait comme un sorcier malgache. Il avait mis en place une colocation où il vivait avec plusieurs femmes dont il aurait abusé sexuellement et financièrement. Un homme handicapé faisait aussi partie des victimes.
Le leader spirituel a demandé pendant toutes ces années à ces fidèles de lui versé leurs revenus (salaires, aides sociales). Le préjudice s’élèverait à 300 000 euros.
"Ce procès, on essaie de le préparer mais on ne sait pas ce qu’il va se passer. J’ai peur de ne plus revoir mes enfants. Ma petite, on a été séparé pendant 6 mois, elle ne m’a même plus reconnue, c’est très difficile à vivre."
"Aujourd’hui, on ne se quitte plus avec ma fille. Même quand je vais chercher du pain, quand je sors de la maison, ma petite me demande si je vais revenir."
L’accusée a 17 ans quand elle a rencontré celui qui deviendra leader spirituel. Elle a été témoin des faits et confie ne jamais avoir eu le courage de s’enfuir pour ne pas priver ses enfants de leur père.
"C’est le premier homme que j’ai connu dans ma vie. C’est le seul homme à qui je suis resté fidèle toute ma vie. Je sais qu’aujourd’hui, ça peut paraître nunuche. C’est un concours de circonstances, des choix, des rencontres, des erreurs qui font que je suis arrivée là aujourd’hui."
Le Bâtonnier Maître George-André Hoarau l’accusée lors du procès aux Assises.
Il précise : "Je dirai que c’était son premier homme. Elle était vierge. Elle n’a pas connu d’autre homme. Elle a vécu pendant 17 ans sous la coupe de quelqu’un qu’on nomme le gourou. Premier homme de sa vie, père de ses enfants, elle l’a aimé, elle a eu des moments merveilleux et ensuite ça a commencé à glisser sur la dépendance."
Il argumente que sa cliente placée dans le box des accusés fait partie des victimes : "Nous sommes la première victime et la plus dure des victimes. Ce n’est pas parce qu’on a un bout de métal sur son doigt qu’on appelle ’alliance’, qu’on a trois enfants avec lui, qu’on est coupable de ce qu’il a fait. Dans ce dossier, il n’y a pas 8 victimes et 2 coupables mais 9 victimes et 1 coupable !"