Comme révélé hier, un collectif de gendarmes réunionnais est prêt à porter plainte contre l’Etat pour discrimination. L’action est inédite à La Réunion mais aussi en France. Originaires de La Réunion, les militaires ne bénéficient pas des avantages de leurs collègues nés en métropole.
Sous couvert d’anonymat et dans un lieu tenu secret, une quarantaine de gendarmes ont osé sortir de leur devoir de réserve. Ce mouvement est une première localement et probablement dans le monde de la gendarmerie.
Originaires de La Réunion, les militaires affirment qu’ils ne bénéficient pas des avantages de leurs collègues nés en métropole. Ils ont donc décidé de monter au créneau pour faire entendre leurs revendications.
Le principal point de discorde vient du nombre d’années travaillées prises en compte dans le calcul de la retraite. Elles comptent double pour un métropolitain qui exerce à la Réunion, ce qui n’est pas le cas pour les Réunionnais.
Aujourd’hui, deux collectifs ont vu le jour : celui des gendarmes originaires de La Réunion, et celui des femmes de gendarmes originaires.
Ils ne supportent plus ce qu’ils qualifient de discrimination. Selon leur avocat, cette discrimination a vu le jour en 2015. L’avocat du Collectif - Me Alain Antoine - souhaite, dans un premier, privilégier les discutions et écrire au Défenseur des Droits. "Je vais lui expliquer la situation des gendarmes à La Réunion et aux Antilles, je vais dénoncer cette discrimination et je vais l’inviter à ce qu’il me dise noir sur blanc, ce qu’il pense de la situation et s’il y a discrimination ou pas. (...) Si nous ne sommes pas entendus, il faudra que j’augmente le curseur donc j’irai devant le tribunal administratif" explique Maître Alain Antoine.
De son côté, la Gendarmerie de La Réunion assure être à l’écoute des revendications des personnels. "C’est un dossier qui fait l’objet d’une étude et d’une réflexion interministérielles toujours en cours. Nous rappelons à toutes fins utiles à ce collectif non identifié que les structures internes de concertation et les associations professionnelles sont tout à fait disposées à les écouter voire à les recevoir. Enfin, une réunion d’information à l’endroit des personnels concernés (originaires) a été organisée récemment par le bureau des ressources humaines du commandement de la gendarmerie de La Réunion".
La gendarmerie de La Réunion souligne que "c’est une problématique nationale qui a déjà fait l’objet de plusieurs arrêts du Conseil d’État et des juridictions administratives qui ont confirmé la légalité des règlements incriminés".
"Les structures internes de concertation et les associations professionnelles se sont saisies de ces problématiques. Les attentes des personnels sont prises en compte au niveau national et font l’objet d’un groupe de travail au sein de la DGGN" ajoute la gendarmerie de La Réunion.
"Localement, les personnels concernés (originaires) ont récemment bénéficié de réunions d’information avec le commandement de la gendarmerie de La Réunion. Chaque situation fait l’objet d’un suivi individualisé pour valoriser la carrière de chaque militaires" conclut la gendarmerie de La Réunion.