Principal suspect dans l’enquête sur la mort violente de sa femme Arlette, Raymond a été déféré au tribunal correctionnel de Saint-Pierre ce lundi matin. Ce quinquagénaire a été mis en examen pour "meurtre sur conjoint" et placé en détention provisoire. Le suspect a maintenu la thèse de l’agression sans convaincre le juge d’instruction.
"Le samedi 11 mars 2017 vers 7 heures, les gendarmes de Petite-Ile sont intervenus au domicile d’un couple vivant seul - ils gardaient leur petit fils âgé d’un an pour la nuit - à la demande de leur fille, au domicile de laquelle le père avait préalablement appelé" explique le procureur de La République par voie de communiqué.
Sur place, les gendarmes ont découvert l’épouse - Arlette, une femme âgée de 68 ans - décédée, gisant habillée sur le lit de sa chambre,
portant "la trace de contusions et d’une trentaine de coups de couteaux, un grand couteau de cuisine fiché dans la gorge".
Le mari - retraité de 56 ans - portait "des traces de coupures, des estafilades et des tâches de sang". Le suspect - prénommé Raymond- a affirmé aux enquêteurs qu’il avait été agressé par un ou deux hommes au matin après son réveil.
Toujours selon le procureur de La République, Raymond a également affirmé s’être battu et avoir reçu des coups avant de découvrir son épouse morte dans sa chambre. Il s’est ensuite "nettoyé avec des lingettes,
retrouvées dans la salle à manger".
Les premiers éléments d’enquête permettent cependant de déterminer que :
- "Si une voisine a entendu des scooters passer vers 3h du matin, comme il en passe régulièrement dans le quartier, aucun voisin immédiat n’a rien entendu de particulier au moment supposé de la rixe (entre 05h00 et 07h00),
- aucune trace d’intervention de tiers n’a été découverte à l’intérieur et aux abords de la maison,
- à l’intérieur de la maison, des piles de vêtements ont été déplacées et quelques objets renversés, mais rien n’a été volé, et notamment les bijoux et matériels informatiques, un tel « désordre » pouvant évoquer une mise en scène,
- le couteau retrouvé sur le corps de la victime était d’un modèle identique à d’autres se trouvant dans la cuisine,
- le couple, dont les chambres étaient situées à l’opposé dans la maison, connaissait des crises et disputes régulières, d’ailleurs plus intenses ces derniers jours selon plusieurs témoignages ; des proches évoquent même des violences et menaces avec un couteau commises par le passé par le mari envers sa femme,
- le mari présentait un profil dépressif, pour lequel il semblait refuser tout soin".
Placé en garde-à-vue du chef de meurtre par conjoint : "le mari, inconnu des services de police et de gendarmerie et jamais condamné, a contesté toute violence à l’encontre de son épouse et s’en est tenu à sa version d’une agression par un ou deux hommes, possiblement casqués".
Présenté à un juge d’instruction ce jour, il a été mis en examen du chef de meurtre par conjoint et placé en détention provisoire.
Raymond encourt une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
L’enquête se poursuit désormais sous l’autorité d’un juge d’instruction.