Le 14 février dernier, des policiers sont appelés à Saint-Denis pour une banale intervention. La situation dégénère et ils se retrouvent face à des dizaines de jeunes en colère. Caillassés jusque dans le commissariat, ils n’ont rien pu faire. L’un d’entre eux a accepté de témoigner.
"On avait été requis par une personne pour des vérifications sur un véhicule. On s’est retrouvés face à une centaine d’individus, ayant un caractère plus qu’hostile à notre présence" résume le policier.
Cette Saint-Valentin, *Grégory n’est pas près de l’oublier. Sur le terrain, au soir du 14 février, il patrouille avec trois collègues quand la situation dégénère : insultes, jets de pierre... Les policiers sont violemment pris à partie par une centaine de personnes, et contraints à la fuite.
"Rien que le fait d’être présent, cela fait que nous avons été pris à partie et pourchassés. C’est ce terme qui est désolant. C’est se dire que nous avons dû lâcher le terrain, s’enfuir, pour préserver notre intégrité et pour qu’il n’y ait pas davantage de dégâts".
Après 11 ans dans la police, Grégory est désabusé. Seules trois voitures, soit une dizaine d’hommes patrouillent chaque nuit à Saint-Denis. Et à cause du manque d’effectifs, les policiers arrivent souvent bien trop tard sur leurs interventions.
"La plus grande frustration d’un policier c’est de recevoir un appel passé sur le 17, et de dire à la personne que nous ne pouvons pas intervenir dans l’immédiat pour résoudre votre problème, parce que les policiers sont déjà employés sur d’autres missions. On a du mal en tant que policier de ne pas toujours pouvoir intervenir immédiatement".
S’il aime son métier, Grégory l’affirme, il ne le conseillerai pas à ses enfants. Pour l’homme âgé d’une trentaine d’années, il est simplement trop difficile de se sentir impuissant, face à une situation qui se dégrade jour après jour.
"Aujourd’hui, à La Réunion, il n’y a aucune zone de non droit. Aucun quartier, aucune cité où on ne rentre pas par peur de quoi que ce soit. Mais pour que ça continue, ils nous faut des moyens".
*Prénom d’emprunt