Au terme de trois jours de procès, le verdict pour Patrice Nirlo est tombé vendredi. L’ex caporal-chef écope de 12 ans de prison.
12 années de réclusion criminelle pour l’épilogue de trois jours d’un procès très attendu. Dans le box des accusés, Patrice Nirlo. L’ex caporal-chef était jugé aux assises, à Saint-Denis, pour avoir provoqué cinq incendies, dont ceux qui ont dévasté le Maïdo.
Après moins de deux heures de délibérations ce vendredi 5 février, les jurés ont tranché : ils ont fait le choix de suivre les réquisitions de l’avocat général. Patrice Nirlo écope de 12 ans de réclusion criminelle.
À l’énoncé du verdict, les proches du sapeur-pompier incendiaire sont abasourdis. Dans le box des accusés, Patrice Nirlo. Dévasté, il ne peut retenir ses larmes, entouré par sa famille.
Trois jours de procès- Ouverture du procès de Patrice Nirlo ce mercredi 3 février. Jugé devant la cour d’assises, il est accusé d’incendies volontaires ayant provoqué des dégâts irréversibles à l’environnement.
- Au deuxième jour de procès, Les représentants de l’ONF (Office National des Forêts) et du Parc National de La Réunion ont pris la parole pour décrire l’ampleur des dégâts provoqués par les incendies du Maïdo en 2010 et 2011.
- Le vendredi 5 février, est le dernier jour de procès pour Patrice Nirlo. L’avocat général requiert une peine de 12 ans de réclusion criminelle à l’encontre de l’ancien pompier.
En fin d’après-midi, le verdict tombe : Les jurés ont suivi les réquisitions de l’avocat général. Patrice Nirlo écope de 12 ans de prison.
Pompier pyromane ou incendiaire ?
Incendiaire. Les deux experts psychiatriques ont tranché. Le profil brossé est sans appel. Patrice Nirlo est "tout à fait normal". Il ne souffre d’aucun pathologie et c’est donc un "incendiaire" et non un "pyromane". Il aurait commis l’irréparable "par passion et fascination du feu" mais aussi par narcissisme, pour combattre les flammes et devenir "un héros".
Criminel la nuit, bon père de famille le jour
12 ans de prison : trop ou pas assez ?
Une peine sévère, injustifiée, disproportionnée ou méritée ? Les échanges sont vifs. Même parmi les écolos affichés, le verdict ne fait pas l’unanimité. Certains dénoncent une peine inférieure à d’autres prononcées aux assises, pour des violeurs ou des meurtriers. Peine pour l’exemple ou justice rendue pour crime comme l’environnement ?
Incendies du Maïdo : la peine à l’encontre de Patrice Nirlo est-elle juste ?
Au lendemain du verdict, les avocats de Patrice Nirlo n’ont pas exclu de faire appel de la décision.
Les incendies reprochés
Le 11 octobre 2010 : le premier incendie au Maïdo. 780 hectares partent en fumée, des espèces endémiques sont touchées. Il faudra 11 jours pour venir à bout de ce feu. Les dégâts s’élèvent à 3 millions d’euros.
Le 13 novembre 2010 : Piton Textor. plusieurs départs de feu à Bourg-Murat et à Piton Barbaroux, Trou Blanc et Piton de Caille. Pendant 5 jours, les flammes ravagent la végétation sur le massif du Volcan. Plus de 83 hectares partent en fumée.
Le 25 octobre 2011 : le second incendie au Maïdo. Il faudra 3 mois pour maîtriser l’incendie. Des habitations sont menacées cette fois et des agriculteurs sont évacués. 600 sapeurs-pompiers sont mobilisés dont 430 venus de métropole. Le bilan est dramatique : 2 800 hectares détruits, 10 millions d’euros de préjudices.
En 2013, deux incendies à Sainte-Marie : Moka et Beaumont.
En tout, c’est la destruction de 4 000 hectares de végétation qui est reprochée à Patrice Nirlo : il faudra une campagne de reboisement longue de 20 ans pour effacer les dégâts.
Le mode opératoire
D’après les éléments de l’enquête, Patrice Nirlo aurait utilisé uniquement sa "science" du feu et n’aurait eu besoin que de quelques allumettes pour provoquer ces dramatiques incendies. L’homme n’aurait pas eu recours à un produit accélérant.