Les syndicats agricoles mettent en place des actions ce lundi pour faire entendre leur colère au sujet des négociations de la convention canne. Les sites de Tereos sont bloqués. Les agriculteurs de la CGPER se dirigent vers la préfecture. La circulation est actuellement difficile au niveau du Barachois. Une motion de la CGPER et de la Chambre d’Agriculture est directement adressée au préfet de La Réunion.
"Depuis plus de 40 ans, le prix n’a pas évolué. On nous dit que c’est le sucre qui est acheté. S’il est acheté, il faut une rémunération de ce sucre. L’industriel dit qu’il a modernisé son usine pour l’extraction du sucre. Quand on modernise, c’est qu’on fait plus de bénéfices. Le bénéfice doit être partagé", explique Jean-Bernard Gonthier, président de la Chambre d’agriculture et de la CGPER (Conféderation Générale des Planteurs et Eleveurs de La Réunion).
Les agriculteurs expliquent les raisons de cette demande
Comprendre la crise de la canne à sucre
Les agriculteurs perçoivent une rémunération pour les cannes à sucre livrées aux industriels.
Les sociétés privées payent 39,09 euros par tonne de cannes à sucre.
Les agriculteurs touchent aussi 7,88 euros par rapport aux mesures agro-environnementales, 21 euros d’aides publiques et 12,33 euros pour la bagasse (énergie).
Voici en intégralité la motion de la CGPER et de la Chambre d’Agriculture de La Réunion adressée au préfet de La Réunion, Dominique Sorain.
"Considérant que l’enveloppe des 38 millions d’€ ayant été acté par la commission européenne et récemment par l’Etat par Décret no 2017-1033 du 10 mai 2017 portant création d’un dispositif d’aide à l’adaptation des entreprises sucrières de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion à la fin des quotas sucriers,
Considérant que les négociations de la convention canne sont actuellement à l’arrêt par la faute de TEREOS qui joue la montre pour ne pas ouvrir les discussions sur le prix de la canne à sucre qui n’ a pas bougé depuis plus de 40 ans.
Considérant que l’attitude de TEREOS n’entre pas dans le cadre de discussions interprofessionnelles mais plutôt dans une opposition de force planteurs-usiniers, où TEREOS compte sur le manque de trésorerie de certains planteurs pour pourrir les discussions jusqu’à l’ouverture de la campagne sucrière,
Considérant enfin que l’Etat en confiant la gestion des 38 millions d’€ uniquement aux entreprises sucrières des DOM met TEREOS dans une position de force alors qu’il s’agit de l’argent publique,
Considérant que le Conseil Départemental et la Région sont garantes du développement économique et l’aménagement du territoire à travers la gestion du FEADER et le SAR doivent être partie prenantes de ces discussions, une mauvaise convention canne pour les planteurs pourrait remettre en cause le modèle agricole de notre ïle,
Face à ce constat, la CGPER et la chambre d’agriculture demandent :
Que les négociations se tiennent sous l’autorité du Préfet de la Réunion afin de garantir l’impartialité de ces négociations. L’Etat en qualité de signataire de la convention canne et de financeur à le devoir de garantir une convention canne juste et équilibrée pour les planteurs .
Que TEREOS mette sur la table tous ces comptes et ces stratégies financières ainsi que ces participations au sein de la filière canne sucre rhum à travers ces filiales sur les raffineries au Europe. Aujourd’hui TEREOS a le beurre et l’argent du beurre en maîtrisant toutes les composantes de l’industrie sucrière européenne.
Que le Conseil départemental et la Région soit associées aux négociations de la convention canne,
La tenue d’une réunion urgente à la préfecture en présence des planteurs et industriels pour parler du prix de référence de la tonne de canne. A un mois du démarrage habituel de la campagne sucrière il est grave que les planteurs ne savent pas à combien ils seront payés alors que TEREOS disposent de contrats de commercialisation du sucre pour plusieurs années.
Si rien n’est fait, la CGPER et la chambre d’agriculture seront dans l’obligation d’alerter l’opinion publique et l’Europe sur la qualité du dialogue interprofessionnel au sein de la filière canne de la Réunion. TEREOS ne peut se vanter d’unité de la filière lorsqu’il s’agit d’obtenir des compensations financières de l’Europe et de l’Etat tout en faisant la sourde oreille lorsqu’il s’agit de parler des conditions d’achat de la canne à son principal partenaire les planteurs".